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dimanche, mai 12, 2013

393- Manosque, Roussillon, Banon, Aix


Ces derniers jours (et jusqu’à aujourd’hui) il a fait très beau dans le sud-est. Avec C. nous en avons profité pour nous aérer quelque peu. Nous sommes allés au nord ouest de Manosque, la ville de Jean Giono (que nous avons aussi visitée). Nous avons traversé le parc régional du Luberon. Nous avons fait une halte à Roussillon,

le pays de l’ocre, un petit village du Vaucluse, très touristique. Il se trouve au nord de Lourmarin, tiens, tiens et même plus, au nord-ouest d’Apt.

 
































Plus au haut, au nord est de Forcalquier se trouve un beau village (mille habitants), au pied de la montagne de Lure, réputé pour son fromage de chèvre, mais aussi et surtout dirais-je pour son immense librairie (près de 200.000 ouvrages) Les Bleuets.

 


 (cf sur mon blog le post 172- Banon, son fromage, son Bleuet ) J’en ai profité pour acheter La mort heureuse, Les Justes et surtout L’Exil et le royaume de Camus. Je ferai une recension de certaines des nouvelles de ce dernier, surtout l’Hôte et La femme adultère (L’exil et le royaume est le dernier ouvrage de Camus publié de son vivant).

A Aix en Provence nous avons visité l’exposition sur Camus.
 
 

« Il regarda l'Arabe, immobile, à la même place, renifla d'un air chagrin et se détourna vers la porte : «Adieu, fils », dit-il. La porte battit derrière lui. Balducci surgit devant la fenêtre puis disparut. Ses pas étaient étouffés par la neige. Le cheval s'agita derrière la cloison, des poules s'effarèrent. Un moment après, Balducci repassa devant la fenêtre tirant le cheval par la bride. Il avançait vers le raidillon sans se retourner, disparut le premier et le cheval le suivit. On entendit une grosse pierre rouler mollement. Daru revint vers le prisonnier qui n'avait pas bougé, mais ne le quittait pas des yeux. « Attends », dit l'instituteur en arabe, et il se dirigea vers la chambre. Au moment de passer le seuil, il se ravisa, alla au bureau, prit le revolver et le fourra dans sa poche. Puis, sans se retourner, il entra dans sa chambre.
Longtemps, il resta étendu sur son divan à regarder le ciel se fer- mer peu à peu, à écouter le silence. C'était ce silence qui lui avait paru pénible les premiers jours de son arrivée, après la guerre. Il avait de- mandé un poste dans la petite ville au pied des contreforts qui séparent du désert les hauts plateaux. Là, des murailles rocheuses, vertes et noires au nord, roses ou mauves au sud, marquaient la frontière de l'éternel été. On l'avait nommé à un poste plus au nord, sur le plateau même. Au début, la solitude et le silence lui avaient été durs sur ces terres ingrates, habitées seulement par des pierres. Parfois, des sillons faisaient croire à des cultures, mais ils avaient été creusés pour mettre au jour une certaine pierre, propice à la construction. On ne labourait ici que pour récolter des cailloux. D'autres fois, on grattait quelques copeaux de terre, accumulée dans des creux, dont on en- graisserait les maigres jardins des villages. C'était ainsi, le caillou seul couvrait les trois quarts de ce pays. Les villes y naissaient, brillaient, puis disparaissaient ; les hommes y passaient, s'aimaient ou se mordaient à la gorge, puis mouraient. Dans ce désert, personne, ni lui ni son hôte n'étaient rien. Et pourtant, hors de ce désert, ni l'un ni l'autre, Daru le savait, n'auraient pu vivre vraiment.
Quand il se leva, aucun bruit ne venait de la salle de classe. Il s'étonna de cette joie franche qui lui venait à la seule pensée que l'Arabe avait pu fuir et qu'il allait se retrouver seul sans avoir rien à décider. Mais le prisonnier était là. Il s'était seulement couché de tout son long entre le poêle et le bureau. Les yeux ouverts, il regardait le plafond. Dans cette position, on voyait surtout ses lèvres épaisses qui lui donnaient un air boudeur. « Viens », dit Daru. L'Arabe se leva et le suivit. Dans la chambre, l'instituteur lui montra une chaise près de la table, sous la fenêtre. L'Arabe prit place sans cesser de regarder Daru.
- Tu as faim ?
- Oui, dit le prisonnier. »
L’Hôte, extrait.

 Une partie ne nous a pas été accessible sur le plan photographique. Les héritiers (madame Catherine Camus) sont très à cheval sur ces question. Pas de photo. Ils veillent au grain. Dommage. Celle-ci (dans un autre espace) est autorisée.
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A Aix je n'ai pu prendre de Calentica hélas...
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Sur la librairie Les Blueuts: