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samedi, mars 30, 2013

381- Seins nus et liberté.

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Seins nus et liberté.



Je suis depuis quelque temps happé par une délicate question que je vous soumets : la lutte pour l’émancipation de l’homme et de la femme ou de la femme et de l’homme, doit-elle tenir compte oui ou non du contexte et de l’Histoire des hommes et des femmes qui la mènent ? Doit-elle être identique partout dans le monde, quels que soient les contextes ?



C’est d’une part la multiplication de messages, sur Facebook notamment, encourageant le dévêtement des femmes tunisiennes, et d’autre part une réaction du cœur de la comédienne tunisienne Leïla Toubel, qui m’ont poussé à y réfléchir un peu plus. Un cri du cœur ainsi adressé à une va-t-en-guerre médiatique française : « La Tunisie n’est pas une femme aux seins nus ! » On ne s’improvise pas défenseur des libertés, des droits des femmes « Quand on a eu la bouche cousue pendant les 23 années de la dictature de Ben Ali (…) Est-ce que vous avez mal pour ‘‘Amina’’ ou est-ce juste la France (…) qui veut  choisir– à notre place – nos attitudes, nos positions, nos mots… »

En effet. La Tunisie a une Histoire importante et riche. Douloureuse ces dernières décennies. Aujourd’hui elle se bat pour la libération et l’émancipation de ses citoyens avec ses armes, pacifiques. D’aucuns veulent lui imposer un schéma, une sorte de « feuille de route » comme on dit dans les milieux politiques ou stratégiques, une feuille de route à l’image de ses concepteurs (la feuille de route).



Depuis 2008 un phénomène est apparu en Europe. Ce phénomène est encore discuté et discutable. On est pour, on est contre. Ce phénomène est radical. Il use du corps comme d’une arme. Il est né en Europe de l’Est, en Ukraine exactement. Il a pour nom « Femen ». Ses membres sont étonnamment conformes aux standards attendus de la publicité de « la femme libérée », en fait enchaînée. Leurs méthodes sont contestées en Europe même. Le débat est assez vif. Leur combat vise autant la prostitution, la corruption, que la religion. Il est violent parfois. Ses conceptrices elles-mêmes se définissent comme « Sextrêmistes ».



Personnellement, autant je suis pour la libération de toute entrave des femmes et des hommes, autant je suis contre l’assaut systématique d’Occidentaux (en mal de pouvoir ou de carrière), au nom de la liberté, de la démocratie et du féminisme contre les sociétés maghrébines. La liberté et la démocratie pour nombre d’entre eux sont à géométrie variable. Je ne parle pas des gouvernants, il va sans dire - mais surtout de l’élite médiatique et intellectuelle française ethnocentrique. Je dis bien ethnocentrique.



Les nations maghrébines ont une culture, une identité un rythme et un mode d’évolution (tout ceci peut être conjugué au pluriel) qui leurs sont propres. Un souffle qui leur est propre. Ces nations sont pétries d’une Histoire qui est la leur. Ni meilleure ni mauvaise. Qu’il faut respecter. Plaquer des schémas importés, des feuilles de route, comme on plaque à nos besoins des téléphones portables, risque de rouiller ces sociétés, de les faire trébucher. Montrer ses seins nus sur Facebook, devant les caméras ou ailleurs, serait révolutionnaire. Beaucoup trop facile. Je veux dire, qu’ici en France et généralement en Europe, nous sommes abreuvés d’images proposant une savonnette ou un biscuit concomitamment avec le corps dénudé de femmes à longueur de journée (corps à notre théorique disposition), corps dénudés de femmes et corps suggestifs de mineurs sur papier glacé d’hebdomadaires écoeurants. Cela est dégradant, choquant, révoltant, mais cela n’émeut personne. Le commerce doit passer, y compris par le corps des femmes dénudées. Normal.



Il ne s’agit nullement de tout rejeter en bloc. Je ne dis absolument pas cela. Je dis que les sociétés maghrébines ne se sont construites sur une histoire et une pensée grecques que très anecdotiquement (Hiarbas plus que Didon à cet égard) et indirectement, alors qu’entre les Européens d’aujourd’hui et les Grecs anciens il y a un quasi-continuum. « Notre socle est gréco-romain » cocoricoquent nombre d’entre eux.



La société française elle-même a évolué, mais parfois dans un sens qu’on aurait qualifié il y a 35 ans de « rétrograde ». Jugez : quelle perception avaient les Français (surtout l’élite intellectuelle et médiatique française) durant le grand bazar des années soixante et soixante-dix sur la protection des enfants ? Je me souviens qu’à l’époque on militait, au nom du combat contre l’ordre établi et pour les libertés, pour que la sexualité concerne aussi les enfants. Comme tout le monde (le monde « in », branché aujourd’hui) je lisais le tout jeune « Libé » et je m’efforçais de me confectionner une image-reflet de mon journal. Mais cette question me dépassait, la guerre fratricide que se livraient le Maroc et l’Algérie me préoccupait plus que tout. Je ne pipais mot des mœurs françaises. C’eût été ringard de donner un avis opposé (on ne disait pas « ringard » à cette époque). Je me taisais donc. Avec quelques copains Maghrébins on gloussait, on désapprouvait entre nous, mais rien de plus. En Algérie, au Maroc comme en Tunisie, certains osaient s’insurger, mais ils étaient ici ignorés. Quantité négligeable. Aujourd’hui le moindre regard porté sur un enfant peut être sujet à interprétation, à risque. La pédophilie s’est substituée au mal absolu, alors même que par ailleurs la pornographie est conseillée aux mineurs par certains « spécialistes ».



Pour revenir à la question du combat des féministes, on intime l’ordre aux militants Maghrébins (Tunisiens) sous peine d’être stigmatisés du sceau de l’arriérisme ou de l’intégrisme, on leur intime l’ordre de manifester leurs soutiens plutôt aux seins nus qu’au combat des femmes en général pour leur dignité, dans leurs contextes, dans leur Histoire.  Se promener sur Facebook, seins nus ou comme le dit Leïla Toubel « mettre du rouge à lèvres est insuffisant. Notre combat est avant tout un combat pour tous, hommes et femmes, pour le travail, la dignité, la liberté ». Dans cet ordre et pour tous. La liberté n’est pas dans le mimétisme irréfléchi et inconséquent. Il n’y a certes qu’une liberté, mais il y va de la liberté comme de Rome, plusieurs chemins y mènent. Je crains que montrer ses attributs de femme ou d’homme ne soit le meilleur.

Ahmed Hanifi,
Marseille, le 30 mars 2013

On:

http://www.lanation.info/Seins-nus-et-liberte_a2096.html


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----------- J'AI DECOUVERT CE MAGNIFIQUE ARTICLE CI-SESSOUS DE  MONAT CHOLLET  CE MATIN DE DIMANCHE 31 MARS. A LIRE ABSOLUMENT DANS SA TOTALITE --------------------



Femen partout, féminisme nulle part

par Mona Chollet, mardi 12 mars 2013 
w.monde-diplomatique.fr

« Les musulmans semblent éprouver un sentiment de puissance virile à voiler leurs femmes, et les Occidentaux à les dévoiler », écrivait l’essayiste marocaine Fatema Mernissi dans Le Harem et l’Occident (Albin Michel, 2001). L’engouement des médias français pour des figures comme les Femen ou Aliaa El-Mahdy, l’étudiante égyptienne qui, en 2011, avait posé nue sur son blog (1), offre une nouvelle confirmation de la justesse de cette observation. On a pu voir sur France 2, le 5 mars, un documentaire consacré au collectif d’origine ukrainienne implanté en France depuis un peu plus d’un an (2), et un autre intitulé Aliaa, la révolutionnaire nue sur La Chaîne parlementaire (LCP) pour le 8 mars, Journée internationale des femmes.
Tant pis pour les milliers de femmes qui ont le mauvais goût de lutter pour leurs droits tout habillées, et/ou d’offrir un spectacle moins conforme aux critères dominants de jeunesse, de minceur, de beauté et de fermeté. « Le féminisme, c’est ces femmes qui ont défilé dans les rues du Caire, pas les Femen ! Et sur ces femmes-là, je vois peu de documentaires TV », s’insurgeait sur Twitter, le 6 février dernier, la correspondante de France Inter en Egypte, Vanessa Descouraux. En France, les organisations féministes « se voient désormais plus souvent interpellées sur ce qu’elles pensent du mouvement d’origine ukrainienne que sur leurs propres actions » (3).

« Si tu montres tes nichons,
je reviens avec mon photographe »

Femmes, vous voulez vous faire entendre ? Une seule solution : déshabillez-vous ! En octobre 2012, en Allemagne, les réfugiés qui campaient devant la Porte de Brandebourg, au centre de Berlin, pour dénoncer leurs conditions de vie peinaient à attirer l’attention des médias. En colère, une jeune femme qui manifestait avec eux lança à un journaliste de Bild : « Tu veux que je me mette à poil ? » « Le journaliste acquiesce et promet de revenir avec son photographe. D’autres journalistes l’apprennent et voilà, la foule d’objectifs se réunit autour des jeunes femmes qui soutiennent les réfugiés. Elles ne se sont pas déshabillées, mais ont profité de l’occasion pour dénoncer le sensationnalisme des médias (4). »
Les Femen, elles, ont été plus pragmatiques. Lors de leurs premières actions, en Ukraine, en 2008, elles avaient inscrit leurs slogans sur leurs dos nus, mais les photographes ne s’intéressaient qu’à leurs seins. Elles ont donc déplacé les inscriptions (5)... Cet ordre des choses n’inspire pas d’états d’âme particuliers à Inna Chevchenko, l’Ukrainienne qui a exporté la marque Femen en France : « On sait de quoi les médias ont besoin, déclarait-elle en décembre à Rue89. Du sexe, des scandales, des agressions : il faut leur donner. Etre dans les journaux, c’est exister (6). » Vraiment ?
Certes, la militante féministe Clémentine Autain a raison de rappeler que « le happening, c’est dans notre culture. De la suffragette Hubertine Auclert, qui renversait les urnes lors des élections municipales de 1910 pour que les journaux de la IIIe République puissent avoir leurs photos trash à la Une, aux militantes du MLF qui balançaient du mou de veau dans les meetings des anti-avortement dans les années 1970, on sait aussi monter des coups (7) ! ». Ce mode d’action est aussi celui de l’association Act Up dans sa lutte contre le sida. Mais encore faut-il que derrière les « coups », il y ait un fond politique solide et bien pensé qui leur donne leur sens. Or, dans le cas des Femen, c’est peu dire que le discours ne suit pas. Quand il ne se révèle pas franchement désastreux.

Contre les vieilles femmes qui lisent des livres

La réduction permanente des femmes à leur corps et à leur sexualité, la négation de leurs compétences intellectuelles, l’invisibilité sociale de celles qui sont inaptes à complaire aux regards masculins constituent des pierres d’angle du système patriarcal. Qu’un « mouvement » — elles ne seraient qu’une vingtaine en France — qui se prétend féministe puisse l’ignorer laisse pantois. « Nous vivons sous la domination masculine, et cela [la nudité] est la seule façon de les provoquer, d’obtenir leur attention », déclarait Inna Chevchenko au Guardian (8). Un féminisme qui s’incline devant la domination masculine : il fallait l’inventer.
Non seulement Chevchenko accepte cet ordre des choses, mais elle l’approuve (toujours dans The Guardian) : « Le féminisme classique est une vieille femme malade qui ne marche plus. Il est coincé dans le monde des conférences et des livres. » Elle a raison : à bas les vieilles femmes malades, elles ne sont même pas agréables à regarder. Et les livres, c’est plein de lettres qui font mal à la tête, bouh ! Auteur d’un excellent livre sur les usages du corps en politique (9), Claude Guillon commentait : « Le mieux intentionné des observateurs dirait que cette phrase exprime la présomption et la cruauté de la jeunesse. Il faut malheureusement ajouter pour l’occasion : et sa grande sottise ! En effet, et peut-être Inna aurait-elle pu le lire dans un livre, l’image des féministes comme de vieilles femmes coupées du monde (comprenez : et du marché de la chair) est un très vieux cliché antiféministe, qu’il est navrant de voir repris par une militante qui prétend renouveler le féminisme (10). » Depuis, les représentantes françaises du collectif ont cependant dû se résigner à sortir un livre d’entretiens (11) : « En France, il faut publier des textes pour être reconnu, légitime », soupire l’une d’entre elles (Libération, 7 mars 2013). Dur, dur.
Pour Rue89, Chevchenko résumait ainsi le discours des jeunes Françaises qui voulaient rejoindre les Femen : « Elles me disaient : “Les mouvements féministes qui existent déjà en France, ce ne sont pas des mouvements faits pour les jeunes femmes, mais pour des femmes intellectuelles qui ressemblent à des hommes, qui nient la sexualité, le fait qu’une femme puisse être féminine.” » A cet égard, il faut le reconnaître, les Femen marquent incontestablement un progrès. S’agissant d’une ancêtre comme Simone de Beauvoir, il a fallu attendre le centenaire de sa naissance, en 2008, pour la voir enfin à poil : c’était long. Mais la patience du monde fut récompensée : avec délice, Le Nouvel Observateur (3 janvier 2008) publia en couverture une photo montrant l’auteure du Deuxième sexe nue de dos dans sa salle de bains (12). Les Femen, elles, sont bonnes filles : elles mâchent le boulot (« femen » signifie d’ailleurs « cuisse » en latin, mais rien à voir, elles ont choisi ce nom « parce qu’il sonnait bien »). Après tout, ne soyons pas pudibonds : pour être féministe, on n’en a pas moins un corps, une sensualité, une vie sexuelle. On peut seulement déplorer que l’attente de toutes celles — et ceux — qui rêvent de se repaître des petites fesses de Jean-Paul Sartre dure toujours. Que fait Le Nouvel Observateur ? Les grands intellectuels n’auraient-ils pas, eux aussi, un corps, une sensualité, une vie sexuelle ? Pourquoi ne pas nous en faire profiter ? Pourquoi ne sont-ils pas, eux aussi, une denrée publique, que l’on peut exposer et commercialiser indépendamment de la volonté des intéressés ?

« Féminisme pop »

Après s’être attiré une large sympathie lorsqu’elles se sont fait agresser par les extrémistes catholiques de Civitas au cours de la manifestation contre le mariage pour tous, en novembre 2012, les Femen ont suscité de plus en plus de réserves et de désaveux — par exemple de la part du collectif féministe Les TumulTueuses, ou de l’actrice et réalisatrice Ovidie. Critiquées pour la caution qu’elles apportent à la vision du corps féminin forgée par l’industrie publicitaire, elles se sont défendues en publiant des photos de certaines de leurs membres qui s’écartent de ces canons. Le problème, c’est qu’on ne verra jamais celles-ci en couverture des Inrockuptibles, les seins en gant de toilette cadrant mal avec le « féminisme pop » que dit priser le magazine — ni dans Obsession, le supplément mode et consommation du Nouvel Observateur, pour lequel les Femen ont posé en septembre dernier. Et pas question d’arguer que ce n’est pas de leur faute : si elles voulaient être un minimum crédibles, elles devraient imposer la présence de ces membres lors des séances photo. « Quel peut être l’effet produit par cette photo de groupe [dans Les Inrockuptibles] sur les femmes moins jeunes, ou jeunes mais moins favorisées par le hasard génétique ? interroge Claude Guillon. Le même effet que le terrorisme publicitaire et machiste que le féminisme ne cesse de dénoncer. Cette photo est pire qu’une maladresse, c’est un contresens politique. »
Les dénégations répétées des membres du collectif ne suffisent pas, par ailleurs, à dissiper le soupçon d’une politique de la photogénie délibérée. Dans le livre Femen, l’une des fondatrices ukrainiennes déclare : « Nos filles doivent être sportives pour endurer des épreuves difficiles, et belles pour utiliser leur corps à bon escient. Pour résumer, Femen incarne l’image d’une femme nouvelle : belle, active et totalement libre. » Le féminisme, mieux qu’un yaourt au bifidus. L’une de ses camarades françaises invoque une « erreur de traduction » (13)...
Quoi qu’il en soit, en l’état actuel des choses, il n’est pas certain que les médias et le grand public fassent complètement la différence entre les Femen et la Cicciolina par exemple — précurseuse de la couronne de fleurs sur cheveux blonds —, ou la pin-up de la page 3 du quotidien britannique The Sun. Claude Guillon, encore : « “Au moins, me disait une jeune femme, depuis qu’elles se mettent à poil, on les écoute !” Que nenni. On les regarde tout au plus. Et lorsque les rédacteurs en chef en auront marre de mettre du nibard à la une (ça lasse, coco !), on ne les regardera plus. » Les journalistes de Rue89 sont elles-mêmes perplexes devant le succès d’audience du collectif : « Le premier article que nous avons fait sur les Femen était un “En images”. On y voyait simplement la photo d’une Femen devant la maison de DSK, seins nus. Trois paragraphes accompagnaient l’image. L’article a reçu 69 500 visites. C’est beaucoup. » Dans le fumeux « sextrémisme » promu par le groupe, il y a tout à parier que c’est surtout « sexe » qui fait tilter la machine médiatique.

Des médias devenus tous féministes ?

Le féminisme serait donc devenu consensuel, au point de faire la couverture de tous les journaux et d’avoir l’honneur de documentaires télévisés abondamment promus dans la presse ? Il faudrait être naïf pour le croire. L’intérêt pour les Femen s’avère parfaitement compatible avec l’antiféminisme le plus grossier. Ainsi, le 7 mars, Libération leur consacrait une double page ; cela ne l’a pas empêché de publier le lendemain, pour la Journée internationale des femmes, un numéro d’anthologie. Sous le titre « Du sexe pour tous ! », il a choisi de consacrer sa Une à l’« assistance sexuelle » pour les handicapés. La photo d’illustration montrait un handicapé au lit avec une « assistante » (blonde, souriante, incarnation de la douceur et de l’abnégation qui sont la vocation des vraies femmes), et non l’inverse : on a bien dit « Du sexe pour tous », pas « pour toutes ».
Pour le quotidien, ce combat s’inscrit dans le cadre de sa défense acharnée de la prostitution. En janvier dernier, déjà, il publiait le portrait d’un polyhandicapé qui militait pour le droit à l’« assistance sexuelle ». Comme le faisait remarquer sur son blog le cinéaste Patric Jean (14), cet homme avait cependant eu au cours de sa vie deux compagnes, et même des enfants, ce qui relativisait quelque peu l’argument de l’incapacité des handicapés à avoir une vie sexuelle. Histoire de compléter ce tableau de la femme selon Libé, le portrait de dernière page était celui de Miss France.
Même méfiance quand on voit Charlie Hebdo, bastion de l’humour de corps de garde, dont les dessins répètent semaine après semaine que la pire infamie au monde consiste à se faire sodomiser, c’est-à-dire à se retrouver dans une posture « féminine » (15), collaborer avec les Femen pour un numéro spécial (6 mars 2013). En couverture, le dessin de Luz reprend un visuel du groupe qui montre ses militantes brandissant une paire de testicules. Le cliché des féministes hystériques et « coupeuses de couilles », couplé à l’esthétique publicitaire : une bonne synthèse du produit Femen. Dans l’entretien qu’elle accorde à l’hebdomadaire satirique, Chevchenko déclare vouloir une société « où les femmes ont plus de pouvoirs que les hommes ». Bien bien bien.
Un pseudo-féminisme qui suscite un engouement général des plus suspects : en France, cela rappelle la bulle médiatique autour de Ni putes ni soumises, qui fut célébrée dans la mesure où elle permettait de renforcer la stigmatisation de l’islam et du « garçon arabe » (16). Deux ex-militantes de l’association, Loubna Méliane — assistante parlementaire du député socialiste Malek Boutih — et Safia Lebdi, ont d’ailleurs fait partie des premières ralliées aux Femen, avant de prendre leurs distances. La section française du groupe s’est installée à la Goutte d’Or, quartier parisien où vivent beaucoup de musulmans ou assimilés, et a annoncé son implantation par une affiche bleu-blanc-rouge

qui rappelait curieusement les « apéros saucisson-pinard » organisés au même endroit en 2010 par des militants d’extrême droite.

« Mentalité arabe » en Ukraine

Si l’anticléricalisme radical du collectif se comprend sans peine compte tenu du poids de l’Eglise orthodoxe dans la vie publique ukrainienne, ses porte-parole ont tendance à en franchir le cadre lorsqu’il s’agit de l’islam. L’une des fondatrices du mouvement, Anna Hutsol, a ainsi flirté avec le racisme en déplorant que la société ukrainienne ait été incapable « d’éradiquer la mentalité arabe envers les femmes » (17).
En mars 2012, sous le slogan « Plutôt à poil qu’en burqa », Femen France a organisé une « opération anti-burqa » devant la Tour Eiffel. Ses membres clament aussi que « La nudité, c’est la liberté », ou scandent : « France, déshabille-toi ! » Elles perpétuent ainsi un postulat très ancré dans la culture occidentale selon lequel le salut ne peut venir que d’une exposition maximale, en niant la violence que celle-ci peut parfois impliquer (18).
De nombreuses féministes leur ont objecté que, plutôt que d’affirmer la supériorité de la nudité, il vaudrait mieux défendre la liberté des femmes à s’habiller comme elles le souhaitent. Mais les Femen sont certaines de détenir la vérité. « On ne va pas adapter notre discours aux dix pays où s’est implanté le groupe. Notre message est universel », assure Chevchenko à 20minutes. Ce mélange de paresse intellectuelle et d’arrogance, cette prétention à dicter la bonne attitude aux femmes du monde entier, sont accueillis plutôt fraîchement. La chercheuse Sara Salem a ainsi reproché à l’étudiante égyptienne Aliaa El-Mahdy son alliance avec les Femen : « Si le geste de se déshabiller sur son blog pouvait être vu comme un moyen de défier une société patriarcale, il est problématique qu’elle collabore avec un groupe qui peut être défini comme colonialiste (19). » Mais pourquoi se remettre en question quand montrer vos seins suffit à vous assurer une audience maximale ?
(1) A la lumière de la remarque de Mernissi, le geste d’El-Mahdy est porteur d’une charge transgressive indéniable dans le contexte égyptien. Il lui a d’ailleurs valu des menaces intolérables. Mais le problème est que sa démarche, purement individuelle, reste impuissante à faire évoluer les mentalités dans son pays. Elle s’avère même contre-productive : en Occident, la jeune femme a été récupérée par des commentateurs dont les discours — ou les arrière-pensées — ne sont pas toujours bienveillants envers sa société d’origine.
(2) Nos seins, nos armes, de Caroline Fourest et Nadia El-Fani.
(3) «  Femen, la guerre des “sextrémistes”  », Libération, 7 mars 2013.
(4) «  “Si tu montres tes nichons, je reviens avec mon photographe” », Seenthis, octobre 2012.
(5) «  Ukraine : le féminisme seins nus tisse sa toile dans le monde », AFP, 7 mars 2013.
(6) «  Seins nus : les Femen, phénomène médiatique ou féministe  ?  », Rue89, 23 décembre 2012.
(7) «  Le féminisme à l’épreuve du sextrémisme  », M - Le magazine du Monde, 9 mars 2013.
(8) «  Femen’s topless warriors start boot camp for global feminism  », The Guardian, 22 septembre 2012.
(9) Claude Guillon, Je chante le corps critique, H&O, Paris, 2008.
(10) «  Quel usage politique de la nudité  ?  », Claude Guillon, 7 février 2013. Ajout du 13 mars : lire aussi «  “Sauvées par le gong”  ? Femen, suite et fin  » (12 mars).
(11) Femen, entretiens avec Galia Ackerman, Calmann-Lévy, Paris, 2013.
(12) Lire Sylvie Tissot, «  “Une midinette aux ongles laqués”  », Le Monde diplomatique, février 2008.
(13) «  Femen : “Notre message est universel”  », 20minutes.fr, 5 mars 2013.
(14) «  Prostitution : Libération remet le couvert  », Le blog de Patric Jean, 7 janvier 2013.
(15) Cf. Maïa Mazaurette, «  Une remarque au sujet des caricatures “humiliantes” dans Charlie Hebdo  », Sexactu, 20 septembre 2012.
(16) Nacira Gu

énif-Souilamas et Eric Macé, Les féministes et le garçon arabe, L’Aube, La Tour d’Aigues, 2004.
(17) «  Femen, Ukraine’s Topless Warriors  », TheAtlantic.com, 28 novembre 2012.
(18) Cf. «  Femen ou le fétichisme du dévoilement  », Seenthis, octobre 2012, et Alain Gresh, «  Jupe et string obligatoires  », Nouvelles d’Orient, Les blogs du Diplo, 20 mars 2011.
(19) Sara Salem, «  Femen’s Neocolonial Feminism : When Nudity Becomes a Uniform  », Al-Akhbar English, 26 décembre 2012.
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380- Allo Le Lay quoi?




Voilà un exemple de la « culture de masse » que les médias français (et pas que) veulent nous imposer. L’imbécillité au summum de la distraction, de la culture ou de la pensée. Celles qu’on veut nous imposer. Et demain semble promis à un avenir encore plus sombre. Il est vrai que cette débilité est recherchée, imposée même par ceux qui sont en charge des médias, de la télévision en l’occurrence. Vous souvenez-vous de ce que disait Patrick Le Lay, PDG de TF1 juillet 2004 ?: « Il y a beaucoup de façons de parler de la télévision. Mais dans une perspective ”business”, soyons réaliste : à la base, le métier de TF1, c’est d’aider Coca-Cola, par exemple, à vendre son produit (...) Or pour qu’un message publicitaire soit perçu, il faut que le cerveau du téléspectateur soit disponible. Nos émissions ont pour vocation de le rendre disponible : c’est-à-dire de le divertir, de le détendre pour le préparer entre deux messages. Ce que nous vendons à Coca-Cola, c’est du temps de cerveau humain disponible. » (On : Acrimed) Abjecte.
Le pire, c’est que dans leurs pitoyables tentatives mimétiques, des journalistes de la presse algérienne reprennent ce type de connerie (pardon), peut être pour cour cacher le désert intellectuel que les journaux algériens encouragent par leurs censures de l’expression.

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Origine de ce “buzz”

La jeune Suissesse de 20 ans, héroïne des Anges de la téléréalité sur NRJ12, fait le buzz depuis quelques jours et la diffusion d'une phrase désormais culte.

Elle est grande, brune et aime porter des bikinis légèrement trop petits pour elle. Elle, c'est Nabilla. Vous ne la connaissez pas ? Impossible ! Vos ados, vos collègues ou vos amis s'amusent de son désormais culte "Allo ? Non mais allo quoi ? T'es une fille et t'as pas de shampoing ?", prononcé lors d'un épisode de la 5e saison des Anges de la Téléréalité, diffusé sur NRJ12 la semaine dernière. Non, vraiment, ça ne vous dit rien ? Explication.
Le concept de l'émission : une dizaine d'anciens candidats "qui ont marqué l'histoire de la téléréalité en France" dixit le générique, s'envolent pour les Etats-Unis afin de réaliser des projets professionnels. La jeune Suissesse de 20 ans, repérée dans "L'Amour est aveugle" sur TF1, y participe pour la deuxième fois. Son objectif : devenir un modèle reconnu aux Etats-Unis, une "It Girl" et faire la couverture de magazines, comme son idole Kim Kardashian.
(…)
On : http://lci.tf1.fr/insolite
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vendredi, mars 29, 2013

379- Ne stigmatisons pas les musulmans


"Ne stigmatisons pas les musulmans !"

A l'heure où nous traversons une crise économique et sociale de grande ampleur, la haine et le rejet s'expriment de plus en plus ouvertement à travers l'Europe ; force est de constater que la classe politique française ne prend pas suffisamment la mesure d'une forme de racisme qui se manifeste désormais librement dès lors qu'elle se dissimule sous les atours d'une laïcité dévoyée de son sens historique, pour en faire, entre autres, un outil de stigmatisation et d'exclusion des musulmanes et des musulmans.
La laïcité par laquelle, selon l'article 1 de la loi de 1905, la République "assure la liberté de conscience" et "garantit le libre exercice des cultes", dans le respect mutuel des appartenances et l'égalité de toutes les croyances devant l'Etat, se retrouve détournée au profit d'une vision clivante, légitimant le rejet de l'Autre en prétendant participer à l'émancipation des personnes.

Il semble plus que jamais nécessaire de rappeler une vérité élémentaire : il n'existe pas de laïcité réelle sans liberté. Or cette liberté ne peut exister sans respect de la différence. Il s'agit ici de droits fondamentaux, établis par la loi de 1905, la Déclaration universelle des droits de l'homme ainsi que la Convention européenne de sauvegarde des droits humains et des libertés fondamentales.
Le devoir de neutralité, tel qu'invoqué par les tenants d'une laïcité d'exclusion, est la négation de toute forme de diversité. Il n'est ni plus ni moins qu'une censure de l'expression d'un choix, en l'occurrence religieux.
Dès lors, nous voulons réaffirmer notre volonté de vivre et d'évoluer dans une société où la différence est reconnue comme une richesse et où le respect de chacun, dans tout ce qui fait sa singularité, est une valeur centrale, en accord avec les droits humains tels qu'y souscrit notre pays.
Nous attendons de nos maires, de nos députés, de nos ministres et du président de la République, qu'ils soient les garants de ces droits, sans jamais céder à la tentation autoritaire de ceux qui voudraient, aujourd'hui comme hier, mettre à l'index des individus ou une communauté.
SURENCHÈRE LÉGISLATIVE
Plutôt que de se lancer dans une surenchère législative qui viendra, une fois de plus, restreindre les libertés fondamentales au mépris des dispositions du droit positif, national et international, nous proposons de faire un état des lieux du développement de l'islamophobie en France.
Une commission parlementaire réunie sur ce sujet pourra étudier les dérives auxquelles a donné lieu l'instrumentalisation de l'identité nationale, des luttes féministes et de la laïcité, et prendre la mesure du racisme, voire de la haine, qui visent aujourd'hui nos concitoyens musulmans, ou perçus comme tels. Une telle commission devra également être pluraliste, indépendante, ouverte sur la société civile et capable de dresser un bilan objectif de la politique menée durant les dernières années.
Intellectuels, universitaires, élu(e)s, cadres associatifs, journalistes, artistes ou simples citoyen(ne)s, nous voulons croire que dans la France de 2013 il existe encore des responsables politiques capables d'être à la hauteur de ces enjeux, de se prononcer et d'agir clairement et efficacement contre le racisme et les discriminations.
Par un collectif d'intellectuels
Liste des signataires

Armelle Andro, démographe, Paris 1 ; Valérie Amiraux, sociologue, Université de Montréal ; Houssen Amode, chevalier de la Légion d'Honneur, président de l'association musulmane de la Réunion ; Jean Baubérot, historien et sociologue ; Laure Bereni, sociologue ; Christophe Bertossi, sociologue, directeur du Centre Migrations et Citoyennetés, IFRI, Paris ; François Burgat, politologue ; Samy Debah, professeur d'histoire, président du CCIF ; Dominique de Courcelles, chercheur en histoire comparée des religions, CNRS-CIRID ; Bruno Cousin, sociologue, maître de conférences à l'Université de Lille 1 ; Christine Delphy, sociologue, ENS ; Rokhaya Diallo, essayiste et chroniqueuse ; Abdelhak Eddouk, aumonier ; Renaud Epstein, politiste, Université de Nantes ; Nabil Ennasri, doctorant et écrivain ; Mireille Fanon-Mendès France, Experte ONU ; Eric Fassin, sociologue, Paris 8 ; Veysel Filiz, secrétaire général d'EMISCO ; Virginie Gautron, maître de conférences en droit pénal et sciences criminelles, Université de Nantes ; Virginie Guiraudon, politiste, CNRS et Sciences Po Paris ; Vincent Geisser, président du CIEMI ; Nacira Guénif, sociologue et anthropologue ; Abdellali Hajjat, sociologue ; Stéphanie Hennette-Vauchez, juriste, Université Paris Ouest Nanterre ; Jean-Marie Heydt, président de la conférence INGO du Conseil de l'Europe ; Noémie Houard, chercheuse associée au Centre de recherches politiques de Sciences Po ; Thomas Kirszbaum, sociologue, ENS Cachan ; Pierre Lenel, sociologue, Think Tank Different ; Raphaël Liogier, sociologue ; Françoise Lorcerie, CNRS ; Grégoire Mallard, sociologue ; Jean-Paul Martin, historien ; Virginie Martin, politologue, présidente de Think Tank Different ; Zaouia Meriem, syndicaliste ; Kamel Meziti, historien des religions, secrétaire général du Gric ; Marwan Mohammed, sociologue ; Marwan Muhammad, statisticien, porte parole du CCIF ; Catherine Samary, économiste, militante altermondialiste ; Frédéric Sarkis, conseiller municipal EELV, membre fondateur de la coopérative "laïcité n'est pas racisme!" ; Madjid SI Hocine, médecin, animateur de l'Egalité d'abord ; Patrick Simon, démographe, INED ; Sihem Souid, chroniqueuse ; Djamel Djeziri, chercheur en gnostique et Consultant-dirigeant en Management ; Line Sultani, chef d'entreprise ; Pierre Tevanian, professeur de philosophie, auteur ; Tommaso Vitale, sociologue, Centre d'études européennes, Sciences Po, directeur scientifique du Master "Governing the Large Metropolis" ; Valentine Zuber, Ecole Pratique des Hautes Etudes.

On : http://www.lemonde.fr/idees
28 mars 2013

J'adhère.

dimanche, mars 24, 2013

378- Festival des Globe-Trotters Avignon

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Je me suis rendu à Avignon hier soir. Il s’y tient depuis vendredi et jusqu’à aujourd’hui le 16° festival des Globe-trotters. What’s that ? Des voyageurs intrépides, courageux et le cœur sur la main, racontent leurs séjours, leurs plaisirs et déplaisirs, et plus si affinité du chemin 
de Compostelle 

au fin fond de la mythique route 66 ;

  « vers l’immensité des espaces d’Islande, au Yémen, sous le soleil d’Algérie, dans les entrailles millénaires du Maroc, de Paris à Moscou, au cœur du Tibet ancestral, vers cet ailleurs, à vélo, en camion, en cargo ou à bord de dhows (voiliers traditionnels), à pied ou en auto-stop » nous annonce la pub. Des films sont proposés ainsi que des ateliers d’écriture, des expositions photos et des conférences…

Le festival se tient donc autour de plusieurs lieux, tous situés dans le triangle que forment la rue Thiers, les rues des remparts (à hauteur de la porte Limbert) et la rue des Teinturiers. J’y rencontre H. Je savais qu’elle y serait. C’était écrit. La salle des expositions-photos proposait les travaux de  Philippe Bichon : de belles aquarelles du Yemen accompagnées de textes tout autant magnifiques, qu’il dédicace.
  Au théâtre du Chien qui fume, Fabienne Forel propose des photos du grand nord. « Au départ, un voyage avec ma fille en Finlande, l’envie d’aller d’Helsinki au Cap Nord en Norvège. Au départ, un désir d’aventure...puis une errance initiatique à travers un pays sans fin de sapins et de lacs. Un voyage fait de rencontres, de longues routes  monotones et d’éclats lumineux de l’eau...”

Mon petit Nikon pris froid. 
Le beau temps fait défaut, il pleuviote.  Alors, comme alentour les cafés et les bars ne manquent pas, H. et moi  nous nous installons à l’intérieur de La Cave des Pas-sages et prenons une boisson qui réchauffe et faisons le tour du monde, le nôtre.

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Extraits du catalogue en ligne :



Le Yémen au bout de mon pinceau :

Philippe Bichon vous propose de découvrir le Yémen du bout de son pinceau. Si l’ « Arabia Felix» d’autrefois n’est plus tout à fait heureuse, elle étonne encore le peu de voyageurs qui osent s’y aventurer par son architecture et son authenticité. Il règne dans les rues de la ville de Sanaa ou dans les villages des djébels un vrai parfum d’aventure et bien loin des clichés, au cœur du souk ou dans les ruelles, l’hospitalité règne.
Peu de pays au monde possèdent une architecture traditionnelle aussi riche, la moindre ville, le moindre village regorge de trésors architecturaux. Il a même fallu inventer un mot pour caractériser ces « maisons-tours » yéménites, qui se dressent tout en verticalité. »

L’atelier d’Ecriture d’Hélène.



« Samedi 23  mars de 14 h à 16h30 à la Maison IV de chiffre derrière le Kiosque. Et si les rues d’Avignon, arpentées avec le regard décentré du voyageur, vous permettaient d’écrire sur l’esprit du lieu, mais aussi sur votre propre rapport au voyage?  Que retient-on des lieux que l’on traverse. Equipé d’un stylo et d’un carnet, partez avec Hélène B. à la découverte de votre propre envie d’ailleurs.  »


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http://abmavignon.free.fr

vendredi, mars 22, 2013

377- Roots..... C'est ça (aussi) l'Algérie que nous aimons.









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Notre Algérie c'est ça:
Femmes algériennes en 1960-70 - (avant les invasions iranienne et saoudite)   Moudjahidates - Merci Jessica Duipont et l'Histoire algérienne sur Facebook

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Fadila Dziria et Meriem Fekkai Merci Assya16
Je tiens à remercier DJAM pour ces belles photos. Je les ai empruntées de sa page Facebook:




Abd el madjid Meskoud, Ya dzayer ya assima, (Album d_origine merci Algerlablanche16





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Allez sur la page de Djam, voici ce qu'il écrit (j'ai retouché un chouïa) :

"Alger la blanche retrouve son 3jare (36 photos)
pour la 1ere fois les nouvelles générations mettent la tenue traditionel "el hayek" depuis les années 70. Merci à toutes ces filles qui ont osé et  nous ont rappelé la beauté perdue qui est en nous ... bravos ! esperons que ce ne soit pas la dernière manifestation ..."


Page de DJAM:
http://www.facebook.com/djami.dz



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Celles-ci émanent du même "défilé", ou "journée du Haïk" que j'ai "empruntées" à Abdelhakim, toujours on Facebook:
http://www.facebook.com/AAbdelhakimm?fref=ts






































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Contrairement à ce que l'on pourrait penser, il ne s'agit pas pour moi de faire l'apologie du Haïk (lire l'article de Akram B.), NON. Si j'ai mis ces photos sur mon blog (et je l'ai bien précisé y compris en intégrant des photos "d'ailleurs") c'est pour dire qu'en Algérie un vêtement propre à de nombreuses femmes du pays a été remplacé à cause de pressions nombreuses des islamistes intolérants, par un habit qui est étranger à l'Algérie. C'est tout. Retrouver cet habit traditionnel, propre aux Algériennes, et ancestral, est préférable aux nikabs et autres voiles venus d'autres contrées, loin de notre pays.
Le Haïk n'est pas synonyme de liberté pour la femme (encore que.... durant la période coloniale il le fut d'une certaine manière).
 Le Haïk n'est pas l'idéal, mais à deux habits plus ou moins identiques, je préfère de loin, celui qui nous est le plus accessible.

Et puis, cette "journée du Haïk", revendique une authenticité de l'Algérie, et le voile n'est qu'un élément de cette authenticité. la journée "Haïk" sert à cela également.

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...Ni haïk, ni hidjab, ni seins à l’air
Il fut un temps où l’Algérie indépendante entendait dévoiler ses femmes. Bien sûr, la méthode n’était pas celle, brutale, qui fut utilisée, un temps et en vain, par le colonisateur à la fin des années cinquante. Non, il s’agissait de progressisme volontariste, l’objectif étant de donner aux Algériennes les mêmes droits que les hommes. Les deux premières décennies de l’Algérie indépendante furent donc, vaille que vaille, celles de la mixité, des têtes découvertes et des jupes plus ou moins courtes.
Puis, vint la régression que nous connaissons aujourd’hui avec ses voiles imposés par des prédicateurs influencés par le Machrek et le Golfe.
Dernièrement, et pour dénoncer cela, des femmes ont défilé à Alger habillées du haïk traditionnel. Une petite vaguelette blanche qui a fait beaucoup parler d’elle et dont l’objectif était de revendiquer une authenticité bien algérienne face aux hidjabs, niqabs et autres djelbabs. On pourrait applaudir à cet acte de résistance contre la propagation dans le pays de ces accoutrements étrangers et d’un autre âge (à ce sujet, les hommes pourraient aussi se pavaner à leur tour en seroual loubia pour dire tout le mal qu’ils pensent de la tenue kamiss-claquettes). Le problème, c’est qu’on ne lutte pas contre une régression par une autre régression. En clair, le haïk n’est pas la solution, bien au contraire. Il faut même se demander si le hidjab ne lui est pas préférable car, au moins, il ne cache pas le visage de la femme et la laisse plus libre de ses mouvements. Mais n’entrons pas dans ce genre de raisonnement, il ferait trop plaisir aux conservateurs qui savent servir à merveille ce genre d’arguments spécieux.
Non, le vrai objectif est de faire en sorte que les Algériennes aient les mêmes droits que les Algériens. Une égalité qui passe par l’abrogation du Code de la famille que plus personne ne semble réclamer. Il est vrai que certaines de ses anciennes contemptrices sont désormais ti- rées d’affaire, ayant accédé à de hautes fonctions ou sévissant au sein de l’Assemblée nationale. Oui, défendre l’égalité homme- femme, c’est dire haut et fort qu’il faut interdire la polygamie, qu’il faut légiférer sur l’égalité d’accès à l’emploi, qu’il faut criminaliser les violences conjugales et qu’il faut mettre fin au scandale honteux de la répudiation et des femmes mises à la porte de chez elle par la simple volonté masculine. C’est reprendre le combat de nos aînées, leur dire que ce qu’elles réclamaient n’était pas utopique car un peuple qui bride et brime une part de lui-même ne s’en sortira jamais.
C’est aussi commencer le combat à la maison, dans la cellule familiale, pour que les pères mais aussi les mères – qui sont trop souvent les outils de répression de leurs propres filles – fassent en sorte que les frères aient les mêmes devoirs que leurs sœurs, notamment en ce qui con- cerne les tâches ménagères, et que ces mêmes sœurs aient les mêmes libertés que leurs frères. Bien entendu, ce n’est pas facile, ce n’est pas évident dans une société à la fois patriarcale, méditerranéenne et musulmane. Mais là est le vrai combat. Il n’est pas dans l’exhumation d’un bout de tissu blanc aussi dentelé et fin soit-il...
Cette petite manifestation en faveur du haïk témoigne de cette confusion et de cette ab- sence de discernement propres à nos sociétés. Le manque de cul- ture politique, la volonté de frap- per les esprits par le biais du buzz médiatique en sont responsables mais aussi l’égotisme, véritable maladie de ce début de siècle comme le montre l’explosion des réseaux sociaux sur internet où chacun raconte sa vie dans les moindres détails comme s’il s’agissait d’une aventure extra- ordinaire. Mais, ce genre d’actions fait rarement avancer les choses et seul compte le travail de fond et de proximité. Et, avec lui, l’explication, et l’argumentation. Cela vaut pour ces jeunes femmes arabes qui empruntent le sillage des Femen ukrainiennes en exhibant leurs poitrines nues pour revendiquer leurs droits et faire passer un message féministe et anti-intégriste. Sans surprise, ce mode d’action a les faveurs élogieuses des médias occidentaux et de leurs chroniqueurs en mal d’engagements (que feraient-ils d’ailleurs si le monde arabe n’existait pas ?).

Mais il faut vraiment être naïf – ou cynique – pour affirmer qu’une poitrine nue peut changer les choses. Bien sûr, cela offre une petite notoriété, un visa pour l’Europe, peut-être même un prix d’une quelconque fondation humaniste avec à la clé une rétribution bienvenue.
Cela donne lieu à un moment de célébrité warholien et contribue à alimenter en sujets l’industrie française de l’indignation et des mobilisations sélectives. Car, il y a celle qui enlève le haut et celles et ceux qui s’inquiètent et tempêtent pour elle, ce qui leur offre aussi, le moment de célébrité... Mais, tout cela ne fera certainement pas disparaître le machisme et la misogynie en Algérie, Tunisie ou ailleurs dans le monde arabo- musulman. Une poitrine à l’air avec inscrit sur elle un mes- sage politique ?
Les intégristes y trouvent matière à fulminer et à menacer, les imams une occasion pour donner de la fatwa rétrograde et la majorité silencieuse, celle qui, demain, pourrait enfin comprendre pourquoi l’égalité entre les hommes et les femmes est si vitale, va se demander si tout cela est bien sérieux.
Comme je l’ai déjà écrit dans un texte récent (1): n’est pas Lady Godiva qui veut. Et ces néo-militantes seraient mieux inspirées de s’en retourner vers des modes d’actions plus classiques, certes moins spectaculaires et moins susceptibles de les rendre célèbres, mais, à terme, bien plus efficaces à l’image du « Grassroots commitment » cher aux sociétés civiles anglo-saxonnes. La cause des femmes est une affaire trop sérieuse pour être réduite à ce genre d’actions, certes risquées et dangereuses, mais néanmoins guignolesques et narcissiques...
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Akram Belkaïd
Le Quotidien d’Oran, 28 mars 2013

(1) : Rapide rappel historique: selon la légende, vers l’an 1000, Lady Godiva, une aristocrate saxonne, aurait chevauché nue à travers la ville de Coventry, pour obliger le comte Léofric, son seigneur de mari, à baisser les impôts imposés à la population pour financer ses guerres.
Depuis, à travers l’histoire, on retrouve de manière régulière des femmes qui se revendiquent de celle qui, vêtue uniquement de ses longs cheveux, aurait finalement obtenu gain de cause.
Ainsi, en Ukraine comme en Russie sans oublier Notre-Dame des Landes en France, Lady Godiva est la lointaine inspiratrice de ces militantes qui exposent leurs corps —notamment leur poitrine— pour des motifs politiques.
On : Lignes quotidiennes, lundi 31 décembre 2012 et : www.slateafrique.com

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Mémoires et traditions citadines : le haïk célébré à La Casbah d’Alger


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El- Watan  le 03.04.13 | 10h00- 3 réactions
En ce cinquantenaire de l’indépendance de l’Algérie, la médina d’Alger a tenu à renouer, par la pensée du souvenir, avec son séculaire étendard de la résistance culturelle, le haïk, symbole de lutte identitaire et de civilisation pendant la longue nuit coloniale.
C’est samedi dernier, coïncidant avec la Journée nationale de La Casbah, que le Musée des arts populaires et des traditions a connu une chaleureuse euphorie conviviale toute particulière avec une présence notable de femmes superbement drapées de leur haïk m’rama algérois dont la veuve du célèbre chanteur et moudjahid, cheik H’sissen. Celles-ci ont affectueusement entouré hadja Ouardia, la centenaire native d’El Mahroussa, fièrement voilée elle aussi, de son haïk raffiné d’époque.
L’écrivain, poète de renom, auteur d’El Qasbah Ezman et de la bouqala, Kaddour M’hamsadji, était présent à ce rendez-vous de la mémoire, avec son épouse, une enseignante de renom. Hachi Slimane, le directeur du Centre national d’anthropologie et de recherches historiques et préhistoriques faisait partie des convives, très intéressé par le thème de l’événement. Des femmes et des hommes de la communauté culturelle étaient également présents, à l’image de l’icône et doyenne de la Télévision algérienne de l’indépendance, Amina Belouizdad la talentueuse interprète de la musique andalouse, Zakia Kara-Terki, l’épouse et les filles du regretté Moh Akli, frère cadet de Hadj M’rizek et prince du tar, ainsi que le très populaire comédien, Saïd Hilmi.
En souvenir de leur père, le regretté imam Si Mohamed Soufi, de djamaâ Safir, des années 1940, l’ensemble de sa famille s’est jointe dans la joie à cette liesse collective de la pensée où figurait également le fils du grand comédien disparu, Ali Abdoun. Une mosaïque de noms évocateurs mémoriellement attachés à des lieux de culture et d’histoire dans l’enceinte de l’antique El Djazaïr. Après l’ouverture de la cérémonie par une magistrale zorna du terroir, une communication sur le haïk a succinctement été développée par l’auteur de ces lignes, qui, à l’occasion, a évoqué une anecdote du lugubre centenaire colonial au cours de l’année 1930.
Lors des festivités de cet événement de triste mémoire, un défilé militaire a été organisé au bas de La Casbah, à l’ex-rue de la Marine, devant la Grande Mosquée, où avait été dressée une gigantesque tribune pour accueillir les très nombreux invités de la métropole. Assis sur un siège à proximité des ruelles attenantes, une personnalité officielle de premier plan, venue de Paris, a remarqué une animation ininterrompue de femmes voilées de haïk.
À la question posée par lui à un fonctionnaire présent sur la nature de «l’accoutrement inconnu» et à la réponse explicative quant à la tradition algéroise du haïk, celui-ci s’exclama pathétiquement en ces termes : «Aujourd’hui la célébration de votre centenaire est un échec patent, ce voile qui est un signe farouche de résistance culturelle à la présence française est un message explicitement très fort» et d’ajouter rageusement : «Vous ne dominerez jamais ce peuple en lutte constante dans la symbolique de ce voile, qui vous nargue en rappel de l’œuvre qu’il accomplit tenacement pour la pérennisation de son identité et de ses repères culturels à dessein de l’insurrection de demain.»
C’est dans cette atmosphère d’allégresse et de ressourcement évocateur qu’un véritable récital choisi de bouqala a été déclamé par une mémoire phénoménalement prodigieuse, celle d’El hadja Ouardia, qui, dans la baraka de ses 100 ans, a fidèlement et superbement récité de merveilleuses poésies de ce fécond patrimoine d’oralité typiquement algérois. Le spécialiste de cet art raffiné, Kaddour M’hamsadji, a été séduit par la survivance de la verve des bouqalas, mélodieusement rimées par notre aïeule, ce jour-là, en extase et bien inspirée à l’évocation de La Casbah  natale, de sa douce enfance et de son cher passé.
Le célèbre palais Khedaoudj El aâmya a dans sa légende populaire, connu un après-midi d’une ambiance exceptionnellement chaleureuse au rythme d’un orchestre féminin de la star Goucem, qui, dans un répertoire de la sanaâ de la diva Fadéla Dziria, a envoûté l’assistance, à l’unisson des célèbres refrains de chansons cérémonieusement reprises en chœur, sous les salves ininterrompues de youyous de nombreuses femmes ravies et émues. Ainsi, après une danse collective traditionnelle, avec foulards, entamée par la centenaire et suivie de nombreuses femmes, la rencontre s’est clôturée par la remise de cadeaux symboliques aux deux invités d’honneur : El hadja Ouardia et E’la Ghania, la veuve de cheikh H’sissen.
Madame Amamra, directrice du musée, ravie par l’ambiance exceptionnelle du moment a pérennisé cette séquence de la pensée et du souvenir. Cette Journée nationale de La Casbah d’Alger a réuni dans le bonheur des retrouvailles, une très nombreuse assistance composée de femmes, d’hommes et surtout de jeunes très attentifs et très intéressés par la découverte du très riche patrimoine légué par leurs ancêtres, aînés et aïeux. Mémorable action initiée pour la résurrection du souvenir, de la pensée et des traditions ancestrales, qui, hélas, se perdent à travers le temps et à ce propos, nous reprendrons une citation d’un célèbre philosophe qui s’est évertué à rappeler que «Le vrai  progrès, c’est une tradition qui se prolonge».
 

Lounis Aït Aouidia : président de l’association des Amis de la rampe Louni Arezki-Casbah

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Vos réactions 3
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tassili2000   le 03.04.13 | 16h30
Resistence dites vous?
'' symbole de lutte identitaire et de civilisation pendant la longue nuit coloniale.'' Comment El Watan tombe t il dans la faciclité et la langue de bois, Pour qui prenez vous vos lecteurs?
Faire d'un symbole d'oppression et d'asservissement des femmes un etendard d'identité ma foi il y a le feu dans la demeure.. sommes nous en 2013 ou non, j'aimerais poser la question à vos journalistes et collegues femmes si elles sont d'accord? ancronisrme quand tu nous tiens 

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Notabene   le 03.04.13 | 14h25

El-Wahrani
Sans vouloir rentrer dans un argument avec toi mais je pense que tu fais dans les raccourcis ! Le seul passage que j'ai aimé dans ton commentaire est le fait que tu haïsse le hidjab.

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El-Wahrani   le 03.04.13 | 12h21

Pas croyable!
Ce n'est pas possible! Pas croyable!... Appeler un symbole d'asservissement honteux «...étendard de la résistance culturelle.... symbole de lutte identitaire et de civilisation pendant la longue nuit coloniale... »! A la limite, on pourrait très très difficilement concevoir que le haïk soit interprété comme élément de résistance au changement ramené par l'occupant, mais comment peut-on déplorer sa disparition aujourd'hui que nous sommes soit-disant indépendants depuis 50 ans? Aujourd'hui, il serait symbole de résistance à quoi?...Comment peut-on dire que « hélas » son usage s'estompe? Les descendants d'esclaves devraient peut-être se plaindre du passage des beaux jours où leurs aïeux étaient « munis » de chaînes?
Je hais le hidjab tout autant, mais au moins il laisse voir le visage de la femme. Il faut se débarrasser des deux, pas faire le choix entre le haïk et le hidjab. Vivement le temps où ils ne seront tous deux que de mauvais souvenirs!
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