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lundi, décembre 21, 2009

179- A mon âge, je me cache encore pour fumer


A mon âge, je me cache encore pour fumer
de Rayhana
mise en scène Fabian Chappuis

A mon âge, je me cache encore pour fumer est une tragi-comédie qui rassemble 9 femmes d’âges et de conditions diverses dans un hammam à Alger… Elles sont là pour se laver mais surtout parler, se parler … Dans l’intimité de cet espace protégé de l’extérieur, les regards et les points de vue se croisent, entre pudeur et hardiesse, dans le dévoilement violent, ironique, drôle et grave des silences refoulés de femmes qui se sont tues trop longtemps.

Peu à peu se révèlent leurs destins particuliers, à travers des histoires qui ont marqué et modelé leur chair, dévoilant progressivement la violence politique, sociale et sexuelle d’une Algérie en proie à la corruption, à la misère, aux attentats et aux combats quotidiens que se livrent les factions gouvernementales et les islamistes en utilisant, la plupart du temps, le corps de la femme comme champ de bataille.
Loin de tout regard accusateur, elles peuvent échanger états d’âmes, confidences, rêves, colères, joies, coups-bas ou petites mesquinerie. Elles peuvent parler de morale, de religion, de sexe mais aussi de politique et bien sûr … débattre allégrement des hommes.
Un enfant s’apprête à venir au monde et par instinct et nécessité, toutes, d’une manière ou d’une autre se lèveront pour protéger et défendre cet être nouveau, leur espoir et projection dans la vie future à l’aube de la fin de l’intégrisme meurtrier.
9 femmes, 9 destins entre rébellion, rêve ou soumission. Mères, amantes ou « saintes », sont réunies au coeur de la matrice, le Hammam, ou le combat contre l’oppression, la violence et la guerre se pense entre fous rires et pleurs, secret et exaltation.
Tout ça donne, dans un joyeux désordre :
Des rires en rafale, un dentier oublié, un rêve de mariage étoilé, 8 grossesses imposées, le prix de la paix avec son homme, une marieuse pour fille vierge, le son de l'eau, une femme d'intérieur, un fils d'épicier à marier, un tremblement de terre, quatre limonades, une chanson d’amour, l’amour pour son homme, l'amour des hommes pour leur mère, une princesse mariée à 10 ans, un mari cocu, un certificat de virginité, les aboiements d'une belle mère, le mektoub de la belle fille, des rondeurs à cacher, un fils à l'asile, un autre stérile, une masseuse pétrisseuse, le fils de l'émigrée promis à marier, un frère vengeur du déshonneur de sa soeur, une mécréante et une pieuse, des brûlures à l'acide, des livres responsables / irresponsables, les fesses et le foulard de Dieu, un Imam assassin, le secours d'un hijab, le tajine et des cornes de gazelles, des langues qui se dénouent, un poulailler en furie, un plombier cagoulé, la peste et le choléra, le viol d'un homme et un vol de cigarettes, des rires, 9 paroles, le sifflement d’une balle et le silence de Dieu….
L’une des grandes forces de ce texte, et également son originalité, est que Rayhana a réussi à traiter d’un sujet grave mais sans misérabilisme, sans complaisance, dans une écriture vivante, directe et très rythmée et souvent très drôle. L’émotion et le rire cohabitent en permanence dans un portrait bouleversant de l’Algérie contemporaine.

Du mardi 05/01/2010 au samedi 16/01/2010 à Paris

In : http://www.theatre-contemporain.net
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Notes de mise en scène
Le corps des femmes
Le thème du rapport entre l’intime et le pouvoir est un sujet que j’explore depuis quelques années dans mon travail de metteur en scène. A mon âge, je me cache encore pour fumer pousse la réflexion encore plus loin, où le pouvoir et la violence s’insinuent dans la chair des êtres et ici tout particulièrement des femmes. Le sexe même de la femme devient politique. Il n’est plus question de choix lorsque notre corps même dicte ce que nous sommes socialement, culturellement, religieusement, politiquement, notre rapport aux autres, au pouvoir, et nous relie à notre histoire collective.
A mon âge, je me cache encore pour fumer donne la parole à ces femmes, qui sont exclues parce qu’elles sont femmes. Et pourtant, ce sont elles qui assurent la continuité de la société dans laquelle elles vivent, comme si les hommes étaient en guerre et qu’elles devaient assurer la paix. Leur corps pour subir la guerre et la violence des hommes, leur coeur, leur courage et leur foi pour construire la paix. Comme si le fait de donner la vie faisait d’elles des protectrices instinctives et nécessaires de cette vie.
Le corps des femmes est ce par quoi la violence des hommes arrive. Mais il est aussi le dernier rempart qui protège l’intime. Dans A mon âge, je me cache encore pour fumer, le corps de ces 9 femmes raconte ce qu’elles ont vécu, subi, mais elles semblent humainement et intiment moins abîmées que ce corps qu’elles ont utilisé comme protection. Leur force est restée intacte, leur désir de vie d’une force étonnante. Et la pièce raconte cela. Des femmes libres, fortes, dans un corps qui les a condamnée. Et si le hammam était justement ce lieu où les femmes retrouvaient ce rapport sain, sensuel, généreux avec leur propre corps. Et cette cérémonie de la réconciliation se fait à travers les mains et le corps d’autres femmes.
Une déclaration d’amour à l’Algérie
A mon âge, je me cache encore pour fumer parle aussi de ce lien à la fois magnifique et douloureux que l’on peut entretenir avec la patrie que l’on a été obligé de fuir. Même si des événements récents ont donné toutes les raisons objectives de partir, la patrie reste le lieu de nos origines, de l’histoire dont nous sommes le fruit, de l’histoire de nos parents, de notre enfance. Une patrie qui a été source de souffrance mais que l’on ne peut s’empêcher d’aimer profondément. Une histoire difficile mais qui reste, malgré tout, notre histoire. Si Rayhana condamne certains aspects de l’histoire récente de l’Algérie, le portrait qu’elle fait de ces femmes est pour moi une déclaration d’amour.
L’ombre de la France
La France est omniprésente dans ce portrait contemporain de l’Algérie. Terre d’asile naturelle et historique pour fuir les violences quotidiennes, la France attire pour l’espoir d’un avenir meilleur qu’elle suscite. Mais elle offre aussi un visage plus sombre : celui d’une terre d’accueil qui a échoué dans l’intégration de ses étrangers, terre de souffrances qui engloutit les amants, sépare les familles et transforme les frères en fanatiques. Et ces femmes ont sur ce pays un regard lucide et même temps chargé d’espoir. Et c’est peutêtre cela qui caractérise les femmes d’Algérie : une lucidité étonnante sur le monde dans lequel elles vivent et en même temps une foi insolente en l’avenir.
Bien sûr, A mon âge, je me cache encore pour fumer parle de l’Algérie, de l’Islam, du statut des femmes dans certains pays arabes, mais la pièce traite surtout de vie, de solidarité, de la force et de la beauté des femmes.
Entre légèreté et gravité
Pour porter cette histoire, j’ai choisi des comédiennes qui ne sont pas toutes d’origine maghrébine. Bien qu’étroitement lié à l’Algérie, A mon âge, je me cache encore pour fumer est avant tout un portrait universel de femmes et je souhaite conserver cette dimension à travers, entre autre, ce choix de distribution. La direction d’acteur est précise, essentiellement centrée sur le rythme, la vivacité et l’humour avec des ruptures franches pour permettre à l’émotion d’exister pleinement. La gravité cohabite en permanence avec la légèreté, la drôlerie et la générosité de ces femmes et ce passage dynamique de l’un à l’autre donne la note générale du spectacle.
Une chorégraphie des corps
L’espace dans lequel évoluent les comédiennes est un plateau nu traversé par une jetée en mosaïque et ne conserve du hammam que quelques accessoires comme des tabourets et des bassines. La grande salle chaude est marquée par la lumière au sol, dont les couleurs et textures évoluent en même temps que l’action, notamment grâce au travail vidéo de Bastien Capela. Au fond du plateau, un grand cyclo permettra, grâce à la lumière, d’ouvrir l’espace pour la dernière scène. Les costumes sont des pagnes et des robes très légères que les femmes portent dans les hammams.
Fabian Chappuis
In : http://www.theatre-contemporain.net
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Rayhana :
Née à Bab el Oued, le quartier le plus populaire d’Alger, Rayhana a quitté son Algérie natale et a adopté la France, où elle habite depuis plusieurs années. Après une formation à l’École des Beaux-arts puis à l’Institut national d’art dramatique et chorégraphique d’Algérie, Rayhana se joint à la troupe nationale de Béjaïa comme comédienne et plus tard, comme metteure en scène. Elle joue dans divers films pour le cinéma et la télévision puis met en scène plusieurs de ses pièces. Elle reçoit de nombreux prix à l’occasion de divers festivals dont celui de Batna, en Algérie (meilleure interprétation), de Carthage en Tunisie (meilleure interprétation), de Béjaïa en Algérie (meilleur spectacle) et d’Annaba en Algérie (meilleure interprétation). A mon âge, je me cache encore pour fumer est sa première pièce écrite en français.

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EL WATAN Lundi 21 12 2009

À mon âge, je me cache encore pour fumer
Rêves et désarrois de femmes algériennes
A mon âge, je me cache encore pour fumer, est le titre d’une pièce de théâtre qui raconte les interdits de la société algérienne. Ses travers, ses contradictions, ses années noires et les conditions avilissantes des femmes qui vivent dans ce pays, qui a l’allure d’une prison à ciel ouvert.

Paris. De notre correspondant
La scène se passe dans un hammam sur les hauteurs d’Alger. Dans l’intimité de cet espace protégé, éloigné des soubresauts de la vie quotidienne, neuf bouts de femmes, de conditions sociales distinctes, déroulent le fil de leur vie. Elles se racontent sans tabous. Sexualité, amours désenchantés, rêves, Islam, traditions, préjugés et poids sociaux, mariage, divorce, terrorisme ; tous les sujets sont passés à la moulinette de ces dames aux visions et rêves contrariés. Il y a d’abord Fatima, la plus âgée. C’est la patronne des lieux. Usée par le travail domestique et par un mari qu’elle n’a jamais vraiment aimé, elle n’hésite pas à briser l’optimisme de Samia, une jeune fille de 29 ans qui travaille chez elle comme masseuse. Tout sépare les deux femmes. Rêveuse et naïve, Samia n’attend qu’une seule chose : trouver un mari et quitter au plus vite le domicile familial devenu geôle. Samia, en réalité, n’est que l’exemple des centaines de milliers de filles algériennes confrontées aux affres du célibat forcé. Leur seul salut réside dans le mariage, quitte à ce qu’il soit sans amour ni consentement. Pour atteindre cet objectif, Samia, contrairement à la majorité des autres clientes du hammam, ne tarit pas d’éloges sur les hommes. Elles les trouvent tous beaux, gentils, attentionnés, respectueux et serviables. Ce qui suscite bien évidemment le courroux de la patronne du hammam, qui pense le contraire, au regard notamment de sa longue expérience d’un mariage raté.
Violence politique et sociale dans une Algérie corrompue et machiste
Il y a aussi Latifa. Devenue femme malgré elle, elle évoque, avec tristesse et affliction, son mariage à l’âge de dix ans. Union forcée et voulue par son père avec un homme qui la dépasse de 50 ans. Sa nuit de noces ne fut que larmes et sang. Elle, toute petite, jouant encore à la poupée, se retrouvant soudain enfermée, sans savoir pourquoi, dans une chambre en compagnie d’un vieil homme, dont les traits tirés et usés de son corps, tranchent avec la peau fraîche et frêle d’une gamine qui n’a même pas atteint l’âge de la puberté. Que pouvait-elle faire face à ce destin tragique ? Aurait-elle pu opposer une résistance ? Non. Aucune fuite n’est permise. Les larmes chaudes versées sur l’oreiller de son enfance n’ont pas dissuadé ce vieil homme de « voler » sa virginité sous les cris des autres adultes, postés derrière la porte de la chambre l’encourageant tels des sauvages, à vite conclure. Et dire que tout cela est légal au regard de la loi algérienne et de la religion musulmane qui donnent tous les droits à l’homme en laissant la femme mineure à vie, sans mot à dire... C’est la loi de la vie, rétorque Zaya, une intégriste qui défend les thèses islamistes. Son frère est terroriste. Insensible aux souffrances de toutes les victimes de l’intégrisme, Zaya se met à défendre les islamistes, l’instauration d’une république islamique en Algérie, l’obligation de porter un voile et de se conformer totalement au livre de Dieu. Pour influencer son assistance, Zaya se réfère à des « sourates » ou des « hadiths », sortis de leurs contextes, exactement comme font les islamistes. Créée et écrite par Rayhana, comédienne et actrice née à Bab El Oued et mise en scène par Fabian Chapuis, À mon âge, je me cache encore pour fumer, révèle finalement les destins particuliers des femmes à travers des histoires qui ont marqué leur chair. La pièce montre au grand jour la violence politique, sociale, sexuelle d’une Algérie en proie à la corruption, à la misère et au machisme des hommes et de l’Etat
Maison des Métallos, Paris jusqu’au 16 janvier 2010

________ Ajouté le 14 janvier 2010_____________

L'auteure et comédienne féministe d'origine algérienne, Rayhana, a été agressée, aspergée d'essence, et insultée, mardi 12 janvier, alors qu'elle se rendait à la Maison des métallos (à Paris dans le 11e arrondissement).
La préfecture de police a confirmé l'agression, mais n'a pas voulu donner de détails car "une enquête a été ouverte". Selon son entourage, Rayhana a été aspergée d'essence et ses "agresseurs lui ont ensuite jeté une cigarette au visage, fort heureusement sans enflammer la jeune femme". "L'agression physique s'est doublée d'une agression verbale qui laisse peu de doutes sur le lien existant entre cette tentative d'homicide et les représentations en cours qui se poursuivront jusqu'a la fin", a indiqué la même source.

Le maire de Paris, Bertrand Delanoë, a exprimé sa "profonde sympathie et son amical soutien" a Rayhana agressée juste avant la représentation de sa pièce : A mon âge je me cache encore pour fumer.
"Indigné par ce terrible événement, qui semble trouver son origine dans le sujet même de ce spectacle [qui donne la parole à neuf figures féminines aux prises avec le refoulement et la violence, réunies dans un hammam à Alger], je condamne avec la plus grande fermeté ces agissements d'une extrême gravité", écrit le maire dans un communiqué.
FADELA AMARA SE DIT "RÉVOLTÉE"
La secrétaire d'Etat à la ville, Fadela Amara, se dit "révoltée par l'agression intolérable". Elle lui fait part de "tout son soutien". "Le combat pour le droit des femmes ne reculera devant aucune menace", déclare Fadela Amara qui ajoute : "Cette agression nous rappelle malheureusement que la lutte pour l'émancipation des femmes et contre l'obscurantisme est toujours d'actualité".
Le Conseil représentatif des associations noires (CRAN) "condamne l'agression" dont a été l'objet la comédienne et féministe Rayhana et "appelle le ministre de la culture à soutenir publiquement" sa pièce, dans un communiqué publié jeudi 14 janvier. Il "demande, par ailleurs, au ministre de l'intérieur de redoubler d'efforts afin que l'auteure de cet acte soit identifié et puni".
La Société des auteurs et compositeurs dramatiques (SACD) a déploré jeudi que "la liberté d'expression et de création" soit "encore menacée en France en 2010". "Menaces, intimidations et agressions mettent en danger la liberté des auteurs de théâtre en France en janvier 2010, comme en témoigne la tentative de meurtre dont a été victime Rayhana", estime dans un communiqué la SACD. L'organisation apporte son "soutien" à cette "auteure en danger", réfugiée en France depuis 2000, "menacée dans son pays, l'Algérie". "La France, pays de Voltaire, Rousseau, Beaumarchais, Camus doit tolérer toutes les religions et refuser les fanatismes (si souvent refuges de l'ignorance)", écrit Louise Doutreligne, vice-présidente de la SACD, dont elle préside la commission théâtre.

IN:

http://www.lemonde.fr/societe/article/2010/01/14/l-auteure-et-comedienne-rayhana-agressee-a-paris_1291857_3224.html
L'auteure et comédienne Rayhana agressée à Paris
LEMONDE.FR avec AFP | 14.01.10 |

lundi, décembre 14, 2009

178- Beaux travaux des DU












Ces travaux ont été réalisés à partir d'une discussion autour de Antoni Tàpiès. Ils l'ont été grâce à la préparation de Jean Marc P. sous la houlette de Corine R.
Ces travaux sont accessibles à la galerie G.
Merci à tous.

mercredi, décembre 09, 2009

177- Un texte sur Camus de Maïssa Bey



Si vous appréciez Albert CAMUS, si vous aimez l'Algérie, n'hésitez pas à acheter ce Hors série de Télérama intitulé "CAMUS le dernier des justes" Décembre 2009, (98 pages, 7.90€)

Le texte ci-devant est signé Maïssa BEY.

























mercredi, décembre 02, 2009

176 - Bienvenus les bloggers du D.U.


Soyez les bienvenus amis bloggers du DU, merci Jean-Marc ! à bientôt.

Ci-devant Mc-I, le premier d'entre tous, en 1944, déjà.