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jeudi, mai 22, 2008

94- A propos de Pierre Papier

J'y reviendrai

dimanche, mai 18, 2008

93- Le retour

Arrivé hier soir. Grisaille et compagnie. Voici quelques photos d'Oran.


Librairie Bensmaïn au début de la rue Ben M'hidi - Mai 2008 - D.R



















Statue de de la Liberté Oran mai 2008 - DR






Librairie du Front de mer Oran Mai 2008 - D.R

samedi, mai 17, 2008

92- Oran - Marseille

Samedi, midi. Je prends le vol Tout à l'heure pour Marignane. Ce matin j'ai fait un tour en ville nouvelle, prise de photos... Au musée Zabana j'avais projeté d'assister à une exposition photos (nouvelle) en hommage à Pablo Neruda "Rana m'belîn el haj, arrwah el achiya". Raté donc. Librairie au sein du Palais de la culture (flonflon et ronron: Palais!) moins d'une cinquantaine d'ouvrage en français... J'achète pour ma propre initiation: Tajerrumt N Tmazight, Grammaire berbère (Kabyle) de Mouloud Mammeri, aux éditions Bouchène 1990, 118 pages, pour 50 dinars. La caissière a demandé à vérifier si c'est bien le prix. C'est bien le prix (50 cts d'euro).

mercredi, mai 14, 2008

91- Mohammed Belkheir

Oran 16 heures 15. J'ai passé la nuit à Oran chez S. et A. cité AADL/ Usto. Ce matin j'ai fait un grand tour, des Hlm de Gambetta à M'dina Jdida puis vers le Rex, la mairie (J'intègrerai une photo de la liberté). A l'un des angles de la rue de la Bastille (un des lieux historiques de vente de ce produit) j'ai pris une Kalentica (karen') en sandwich... Impossible d'y échapper lorsque je viens à Oran. Un pot chez Marcel rue Tebessi (ex Loubet). Il y a peu j'ai acheté à la librairie qui se trouve derrière Le café Riche (ex Grand café Riche) un livre de Boualem Bessaih (un ancien cacique du pouvoir celui-là, mais néanmoins homme de culture avéré): "Mohammed Belkheir, poèmes d'amour et de guerre" (Anep, réédition 2007) préfacé par Jacques Berque. Extrait d'un poème écrit lors de sa captivité en Corse:
A Calvi
Je te sollicite, ô Dieu,
délivre-nous à l'instant de l'oppression.
(...)
Après avoir levé l'étendard,
me voici entre mers et oubli.
Maître ne me délaise pas,
sois ému par l'exilé aux cheveux blancs;
ne m'abandonne pas à l'ennemi;
protège-moi, garde-moi arabe...

mardi, mai 13, 2008

90- Mardi 13 mai 2008, soirée avec M., Nour, Hab

Notre ami M. est arrivé de Paris pour concrétiser l'achat de la maison, "La bleue" (ainsi l'avons-nous baptisée), bleue comme celle de San Francisco. Hier soir nous avons veillé et longuement discuté, lui, Nour, Hab et moi. M. sait tout (comme souvent). S'emporte contre X puis contre Y, contre un ami Avignonnais, contre Sansal, contre Camus... Avec des insultes (Yakhi Abd, Yakhi Hmar...) et amalgames en guise d'arguments, et la voix haute pour impressionner. Dommage pour la perspicacité de l'échange. Il n'y en a pas eu. Il ne conçoit la discussion (lorsque discussion il y a) qu'en termes de rapport de force, jamais ou peu en termes d'échanges; ce qui est la marque d'une grande faiblesse. Le discours idéologique faisant office d'axe central de réflexion autour de l'écriture de Sansal. Notre ami semble acquis au fait que le discours doit être la pierre angulaire de la littérature (pas même comme soubassement), foin de toute langue et de syntaxe libérées du discours ! "Sansal s'est couché devant des lobbies!" (à propos du "Le village de l'Allemand..." (que mon ami n'a pas lu, j'en suis persuadé).
J'ai cité l'exemple de l'homme Céline condamnable face à l'auteur formidable qu'il a été. "Mais Céline n'a pas eu les mêmes positions après la guerre": il n'a pas lu "Les beaux draps" (1941). Mais où allons-nous ma bonne dame?
Je lui dédie ce qui suit, extrait de
Mohamed NEDALI, Morceaux de choix, ed : l’Aube. « L’homme qui avait raison. Toujours raison. Il avait raison même quand il avait tord, au fond. Un surhomme. Un seigneur. Et c’était en grande partie pour cela que je ne le supportais plus. A la maison il nous était impossible de le contredire, même à propos de choses anodines : l’origine d’un bruit ou d’une odeur, l’heure qu’il était, le temps qu’il fera, la date du jour, le sens d’un mot. Il avait toujours la réponse juste, la preuve incontestable, l’argument convaincant. »

Une id
ée m'est venue cette nuit (j'ai mal dormi): écrire un jour (un mois, un an) un roman ou une nouvelle sur la certitude, sur la betise de la certitude.

Je suis descendu à Oran me changer les idées. Au Centre de la culture, ex place Kargantah j'achète "La géographie du danger" de Hamid Skif (ed APIC,2007), 450 DA.

dimanche, mai 11, 2008

89- Le prix Mohammed DIB va à Kamel DAOUD

Kamel Daoud, lauréat du Prix Mohammed Dib
par Khaled Boumediene (Le Quotidien d'Oran dimanche 11 mai 2008)
Le Prix littéraire Mohammed Dib, une distinction qui récompense les jeunes écrivains algériens, est allé, cette année et pour sa troisième édition, à l'écrivain et journaliste Kamel Daoud pour son recueil intitulé «L'Arabe et le vaste pays de ô...».
Lors de la remise de ce trophée, hier à l'auditorium de la Faculté de médecine «Docteur Benzerdjeb» de Tlemcen, la présidente de l'Association culturelle «la Grande Maison» a tenu à préciser, que «pour la 3ème session du Prix Mohammed Dib, décerné par la Fondation Dib, nous avons eu la joie de voir concourir un certain nombre de textes de bonne tenue, voire de très bonne tenue. Les jurés ont pu sélectionner quatre recueils de qualité. Il s'agit des textes : «L'Arabe et le vaste pays de ô» de Kamel Daoud, «Grenade» de Yamile Ghebalou Haraoui, le «Chuchotement des anges» de Kaouther Adimi, «Grains de folie» de Mohammed Houat.
Parmi ces recueils, celui intitulé «L'Arabe et le vaste pays de ô...» a suscité l'enthousiasme général et même une sincère admiration. Texte original et fort qui opère une passionnante alchimie où l'esprit d'analyse et un captivant travail métaphonique sont servis par une subite touche ironique, le tout pour traiter, avec pertinence et jubilation, du sujet épineux «qu'est-ce qu'être arabe aujourd'hui ?». Et d'ajouter : «nous avons affaire à un écrivain qui saura s'affirmer dans le monde littéraire».
NB: Quant à "A J" Barzakh n'a pas jugé utile de le retenir.

samedi, mai 10, 2008

88- Samedi 10

19 h, Cyber à Bethioua, au bout de la rue principale, face à la station de taxis et autres Karsan...
Nous sommes revenus hier vendredi en fin de journée. Le matin nous sommes allés à Ténès puis par la côte, à Talassa, au coeur des racines parentales.

jeudi, mai 08, 2008

87- Ouled Farès et Béni M...

Sommes allés Mos. son fils Moh. et moi jusqu'au coeur de notre monde: Les Béni - Mer...



A la source des sources. D.R

86- Oran Chlef Ouled Fares Tadjena etc

le 7 mai 2008 Oran, rue Ben M'hidi.Il a plu averse, les passants sont heureux...qu'il pleuve. La misère est palpable à chaque coin de rue. Cela n'empêche pas l'arrogance des 4X4 et autres véhicules "00".

Aujourd'hui je suis dans un cyber à Ouled Farès. Il est 20 heures 10. Une superbe virée d'Oran jusqu'aux ancêtres maternels, c'est à dire à quelques 30 km au nord est de Chlef (ex El Asnam, ex Orléansville). Commençons par le commencement. Oran ce matin, départ 10 heures. Direction Chlef puis Tadjena (ex Fromentin) puis aux sources mêmes de notre arbre maternel, c'est à dire les Béni M... Temps plus ou moins ensoleillé le matin, qui tourne (aux sources) aux brumes et autres embrums, oui embrums de la Méditerranée (pas si loin, peut être 15 ou 20 kms derrière la montagne)
Je détaillerai plus tard.

mardi, mai 06, 2008

85- Mardi 6 - camp 5 - rue 4


Mardi 11 h 30. Camp 5. Cyber de la rue 4.Hier avons fait une virée à Mostaganem puis à Rouiah (sur le retour). Une virée détente avec R. N. H. et M (tient un commerce au sein même du camp 5). Une seule voiture, celle du commerçant. Mosta: d'abord quelques verres chez "Miramar" dans l'ex rue de Rélizane. Serveuses et partron sympatiques mais c'est trop petit pour le monde qu'il y a (puis, tout le monde fume, c'est execrable). Sport à la télé: MCO contre MCA, je retiens cette image inouië (inouïe ? plutôt ordinaire) d'un joueur (tenue rouge = MCO?) court après un adversaire avec le piquet qui fait office de limite de corner. Changement de bar. Direction le port, ou le plateau chez Mou-Lejloud. Un boui-boui qui ne plaît pas à nos jeunes retraités ex-cadres de la Sonatrach. On continue. Au bord de l'eau un beau bâtiment sur piloti. Nous sommes à "La halte", ambiance très bruyante, mais amicale, charme certain d'une jeune serveuse dont la beauté n'a pas échappé à R. aux cheveux grisonnants (blanchissants!). Nous finissons la soirée sur le retour au camps, à mi-route, à Rouiah dans un très beau lieu ;(Tiens! pardon d'interrompre mon récit; à ce moment précis entre dans le Cyber un vieux collègue et ami, mon ancien sous-directeur du personnel: Ssi Boud. Bonjour et salamalecs... un plaisir!) je reviens à nos pérégrinations d'hier soir; Rouiah donc: Très jolie batisse au non de "Tayara". Rien à envier aux beaux lieux de la côte marseillaise. Voyez la photo. Nous sommes entrés à minuit. Croyez-moi, à aucun moment il n'a été question d'autre chose que de blagues et bêtises. Le défoulement et rien que cela, même si en Birmanie un typhon a emporté 15000 âmes. Pire que du cynisme.




Ce matin le directeur de ma banque à Marseille m'appelle.... soucis réglés dans la foulée.

lundi, mai 05, 2008

84- Lundi 5 à Béthioua

Il est 11 heures.
Le temps est au beau fixe. Meilleur que ces deux derniers jours. Je suis dans un Cyber à Béthioua. Spacieux, propre (on n'y fume pas). Je suis arrivé ce matin d'Oran, accompagné par Sen. chez qui j'ai passé la nuit.Hier j'ai tourné en ville. J'ai failli ne pas pouvoir échanger mes euros, car les banques ferment très tôt (depuis la nuit des temps et cela est incompréhensible): 15 heures 30 ! J'ai eu de la chance avec la BNP-Paribas qui ferme un quart d'heure plus tard. J'étais le troisième et dernier client, le change n'a pas duré plus de cinq minutes, mais j'ai dû attendre plus de 45 minutes avant de passer. Et tout cela pourquoi? Because les deux gars qui me devançaient étaient venus avec de gros "sacs Tati" bourrés de dinars. Direction quelques librairies sans rater la plus importante (mais hélas trop exigüe librairie Bensmaïn). J'y achète deux livres: a) un recueil de nouvelles de Hamid Ali-Bouacida, ''Cinq dans les yeux de Satan'', 127 pages, mars 2007 chez Casbah éditions; b) un petit livre de 126 pages dont 79 d'études et 30 d'extraits de romans de Maïssa Bey et 13 pages de critiques sur les ouvrages de l'écrivain, son titre: ''Maïssa Bey, l'écriture des silences'' écrit par Bouba Mohammedi Talbi (elle enseigne la littérature à Alger), aux éditions du Tell, mai 2007. Sur l'avenue Loubet je prends un verre chez Marcel en pensant aborder l'un des deux livres. A la troisième minute mes voisins de table m'invitent à converser littérature: Maïssa Bey, Victor Hugo, La Fontaine, Freud même... Je change de lieu. Au bar des Victoires je rencontre Berr. un vieil ami des années 70. avocat de son état depuis 20 ans (anciennement sociologue. La socio ça ne rapporte que des clopinettes). Je prends le 11 puis le 51 jusqu'aux nouveaux bâtiments AADL. Passe la nuit chez Sen.Je rentrerai au camp après la lecture des journaux.

dimanche, mai 04, 2008

83- Face au Lynx, le ciné à Oran

J'écris à partir du grand Cybercafé qui se trouve face au cinéma Le lynx à Oran. Ce matin de nouveau nous (R+R, N et moi) sommes allés au Cap blanc (Arzew) négocier l'achat d'une maison au profit de notre ami commun M. resté à Paris. Les négociations aboutissent. M. confirme par téléphone au vendeur; Adjugée. il fera la fête nous promet-il.

Je suis ensuite descendu par le taxi de groupe "Jama'i" (3000 = 30 DA) jusqu'à l'entrée d'Oran puis le "11" jusqu'à la place des victoires. Photos... Le centre culturel français n'est pas vraiment ouvert au premier quidam. Carte d'abonné sinon "revenez le jeudi pour les visites, de 10 à 12 h" uniquement. Librairie Bensmaïne bien sûr et d'autres aussi. Puis le Cyber puis la banque (ne pas oublier le change).

82- Mohamed DIB décédait il y a 5 ans



Le Quotidien d'Oran, dimanche 4 mai 2008

5e anniversaire de la disparition de Mohamed Dib
par Mohamed Benrebiai

Cinq années se sont écoulées depuis que Mohamed Dib, une des plus grandes plumes de la littérature algérienne, s’est éteint, le 2 mai 2003, à l’âge de 83 ans, dans son domicile de La Celle-Saint-Cloud (France). Il a laissé derrière lui une oeuvre immense.




« De Tlemcen, la ville natale, coeur de la trilogie algérienne d’avant la guerre de Libération (La Grande Maison, l’Incendie, Le Métier à tisser), à la Finlande (Les Terrasses d’Orsol, Le Sommeil d’Eve, Les Neiges de marbre), du Paris des magnifiques poèmes d’Ombre gardienne (1961), au Los Angeles de L.A. Trip, «roman en vers», Mohammed Dib défie la frontière entre les genres, mais aussi les chapelles et les modes» (Nadine Sautel, février 2003).

Mohammed Dib est né le 21 juillet 1920 à Tlemcen où il étudie et termine ses études au collège. Ensuite il passe une année au lycée d’Oujda, au Maroc, avant d’entrer à l’école normale d’instituteurs d’Oran.

Sorti sans diplôme, il trouve un poste d’instituteur à Zoudj Beghal, près de la frontière marocaine, qu’il occupera entre 1938 et 1940. Les deux années suivantes, il se retrouve comptable à Oujda au service des subsistances de l’Armée.

En 1943 et 1944, il fait office, à Alger, d’interprète franco-anglais auprès des armées alliées.

Il est de retour, en 1945, à Tlemcen où il travaille en qualité de maquettiste (de tapis) dans la corporation des tisserands puis rejoint une nouvelle fois Alger comme journaliste, en 1950 et 1951, à «Alger-Républicain». Il écrit également dans le journal du parti communiste algérien «Liberté».

Mohammed Dib se marie en 1951 avec Colette Belissant la fille de l’instituteur Roger Belissant qui lui fera découvrir la culture française et l’encouragera à écrire.

Il écrit, en 1952, sa première oeuvre, de sa trilogie Algérie, La grande maison, saluée par André Malraux qui le qualifie comme l’un des plus grands écrivains algériens de langue française.

La grande maison, inspirée par sa ville natale, décrit à travers le regard d’un enfant de dix ans, Omar, l’atmosphère et les profondeurs de la société algérienne. C’est une réalité où règnent misère, mensonges et hypocrisie. L’action du roman (1939) se situe dans l’immédiat avant-guerre, au moment où les sirènes des exercices d’alerte emplissent déjà Tlemcen,

Ce livre qui reçoit un accueil très favorable auprès des milieux nationalistes est très critiqué par la presse coloniale.

Le fameux passage -souvent cité comme exemplaire- où l’instituteur Hassan dénonce le mensonge de la France, ne pouvait que déranger «Ce n’est pas vrai, si on vous dit que la France est votre patrie», lâche le maître en laissant passer une phrase en arabe.

Omar est un personnage témoin se mêlant à la foule des rues qui lui renvoient l’écho de sa culture auprès des gens de sa condition comme Hamid Saradj. En choisissant un personnage d’enfant, Mohammed Dib signifie aussi que la vie n’est pas encore jouée et que les forces neuves de la jeunesse peuvent triompher.

Pour beaucoup «La Grande Maison» reflète les tendances idéologiques de Mohammed Dib. S’il se prend à dire «nous», c’est qu’il s’approprie et ressent les souffrances de ses personnages.

Dans «L’Incendie» (1954) Omar, encore gamin, va vivre à la campagne et découvrir la grande détresse des paysans et leurs espoirs. L’action se déroule en pleine Deuxième Guerre mondiale.

Ce n’est certainement pas un hasard que «L’Incendie» soit né en 1954, année du déclenchement de la guerre de Libération. C’est du contexte historique qui a prévalu au déclenchement du 1er Novembre 1954, nourri de douleurs et de violences, que Mohammed Dib s’est certainement inspiré.

Dans ses trois premiers romans transparaît une lente prise de conscience politique du peuple algérien devant la colonisation. Mohammed Dib montre comment était vécu le quotidien des plus humbles, là même où la Révolution s’est faite véritablement ensuite.

«Le métier à tisser» (1957) est le troisième roman de la trilogie. L’action se situe à la fin de la Deuxième Guerre mondiale, une période de grande misère faite de pénuries et de rationnements.

Cette fois, Omar a grandi et il est en butte, après deux ans de guerre mondiale, à la prolétarisation des artisans avec qui il travaille et dont il partage la misère.

«Un Eté africain (1959)», dernier roman qu’il écrit en Algérie, dans lequel il aborde la guerre de Libération, précède son expulsion d’Algérie vers la France. A ce propos, Mohammed Dib s’exprimant dans une interview accordée au «Magazine littéraire», en février 2003, souligne: «Pour être plus précis, on m’a «permis» de venir en France. Malraux est intervenu, mais aussi Camus (qu’à l’époque je connaissais à peine) et mes amis Jean Cayrol et Louis Guilloux».

Il s’installe dans les Alpes maritimes en 1959, au Maroc entre 1960 et 1964, pour ensuite revenir en France où il s’installe définitivement, tout en continuant à voyager à l’instar de cette escapade aux Etats-Unis où il enseigna en 1976 la littérature à l’université de Los Angeles.

En 1961, il publie un recueil de poèmes, «Ombre gardienne», préfacé par Aragon, puis deux romans, «Qui se souvient de la mer» (1962) et «Cours sur la rive sauvage» (1964) Avec ces deux romans, Mohammed Dib se défait de l’écriture réaliste, d’avant l’indépendance, qui l’a fait con¬naître, et qui se manifestait jusque dans ses poèmes et nouvelles.

Il s’en explique, lui-même, dans la postface de «Qui se souvient de la mer» «La brusque conscience que j’avais prise à ce moment-là du caractère illimité de l’horreur (...) est, sans doute aucun, à l’origine de cette écriture de pressentiment et de vision».

Naget Khadda, grande spécialiste reconnue de Mohammed Dib, écrit «Avec «Qui se souvient de la mer» M. Dib entre résolument dans une problématique moderne de l’écriture où l’effet de ressemblance avec le réel est abandonné au profit d’une organisation signifiante qui cherche à rendre compte du réel en faisant fi du vraisemblable... le roman Dibien n’opère pas un simple changement de forme, il renonce à être un instrument de connaissance pour devenir interrogation sur l’homme et expression d’être dans un monde hostile».

Dans ce roman il rend hommage à la femme «La sagesse de la mer finit toujours par l’emporter sur les trépignements de l’homme... Sans la mer, sans les femmes, nous serions restés définitivement orphelins: elles nous couvrirent du sel de leur langue et cela, heureusement, préserva maintes d’entre nous! Il faudra le proclamer un jour publiquement».

Mohammed Dib ne cessa de publier, avec régularité, quelques 26 titres, «poèmes Formulaires» (1970), «Omneros» (1975), «Feu, beau feu» (1979), «O vive» (1987), «L’Aube Ismaël» (1996)), pièce de théâtre (Mille hourras pour une gueuse), contes (L’Histoire du chat qui boude) alternent et se mêlent aux romans et nouvelles «Talisman» (1966), «Dieu en barbarie» (1970), «Le Désert sans détour» (1992), «L’Infante maure» (1994), «Dans la nuit sauvage» (1995), «Si diable veut» (1998), «Comme un bruit d’abeilles» (2001), «Simorgh» (2003) et «Laëzza», livre posthume fini deux jours avant sa mort, pour ne citer que ces titres.

Entre 1975 et 1980 il se rend plusieurs fois en Finlande où il collabore, avec Guillevic, à des traductions d’écrivains finlandais. Ces séjours lui inspirent sa «trilogie nordique», publiée à partir de 1985: «Les Terrasses d’Orsol» (1985), «Le Sommeil d’Ève» (1989) et «Neiges de marbre» (1990).

Son séjour à l’Université de Californie à Los Angeles lui inspirera son roman en vers «L.A. Trip» (2003).

Souvent ignoré dans son pays d’origine, il n’est guère plus reconnu, à sa véritable valeur, dans son pays d’accueil.

Dans une de ses dernières interviews, répliquant à Amine Zaoui qui lui demande si son exil est celui d’un homme politique, d’un travailleur émigré ou d’un intellectuel? «Ma réponse est très simple: mon exil est celui d’un travailleur émigré. Après l’indépendance, je n’ai pas trouvé ma place dans mon pays malgré les promesses et les démarches. J’avais une famille à ma charge, il fallait bien qu’elle vive. J’avais proposé l’édition de mes livres en Algérie. Les contrats existent, certains remontent à 1965, d’autres plus récents, à 1979 et 1981».

Dib a rencontré plusieurs responsables, ceux notamment de l’ex-Sned à qui il leur avait proposé ses services, «sans rien réclamer de spécial».

«Aux premières années de l’Indépendance, en 1964 et en 1965. J’avais fait plusieurs voyages et, à chaque fois, on me disait qu’«on allait étudier la question».

La culture a toujours été le parent pauvre dans notre pays et ce ne sont pas les quelques festivals organisés, destinés plus au prestige, qui occulteront la déperdition de notre capital culturel traditionnel et cette résistance aveugle à tout fait culturel contemporain.

Bannir un des plus grands écrivains qu’aura connu l’Algérie, et le plus prolifique en chef-d’oeuvres, est un crime que les quelques poux qu’on a été lui chercher sur sa tête ne sauront jamais excuser.

Le dernier exemple est ce déchaînement qui a fait suite à un entretien accordé par Mohammed Dib à la revue mensuelle française «Magazine littéraire» (édition de février 2003) où l’auteur, répondant à une question ayant trait à ses livres qui se passent entre deux pays et entre deux langues, souligne, entre parenthèses, «que les Algériens devaient avoir honte d’écrire en arabe classique qui est pour la France l’équivalent du latin ou du grec».

L’indignation fut grande des «défenseurs» de la langue arabe et des écrivains d’expression arabe, mais elle s’est manifestée seulement à l’occasion de la tenue du Salon du livre à Alger en septembre 2003, qui consacrait officiellement Mohammed Dib, avec des journées d’études traitant de son oeuvre.

C’est évidemment notre «pourfendeur national» des écrivains algériens d’expression française, en l’occurrence Tahar Ouettar, qui se déchaînera et ira jusqu’à contester l’hommage rendu à ce monument de la littérature contemporaine.

Extraite du contexte entier de la réponse, cette phrase peut choquer les âmes sensibles et sourcilleuses d’une constante nationale sacrée.

Dans sa réponse au «Magazine littéraire», Dib dit d’abord «mes images mentales sont différentes de celles d’un Français, elles appartiennent à l’arabe parlé qui est ma langue maternelle» avant l’affirmation en cause qui, paradoxalement, a donné lieu, pour une fois, à un débat intéressant sur les origines du conflit linguistique.

La responsabilité incombe à ceux qui, avec une politique d’arabisation menée de manière irrationnelle et au pas de charge, dès les premières années de l’Indépendance, ont créé et alimenté le clivage, dressant un mur d’incompréhension mutuelle et incité à crier haro sur ceux qui seront taxés de «Hizb França».

Mohammed Dib appartient à cette génération qui s’est vu exclue, au lendemain de l’Indépendance. Les désillusions et les douleurs vécues par l’homme ont, peut-être, donné naissance à une aversion envers plus un symbole d’un système destructeur que la langue arabe même.

Dire que Dib ne souffrait pas de son exil signifie être ignorant de son oeuvre qui traduit, dans la plupart de ses écrits, le mal-être dans un environnement sans racines après avoir perdu le sien.

Ecoutons Faïna, le personnage féminin dans «Sommeil d’Eve» «Je me quitte... Pendant ce temps mon vrai moi, prolongé au fond d’un puits, est en train de crier au secours».

Puis il a la nostalgie de son pays «l’émigré ne rêve que de retrouvailles avec le pays perdu, et de la résurrection que cela signifierait pour lui. Hanté par l’idée de retour, au vrai, celui-ci espère obscurément plus que cela: voir son pays venir à lui.(...) Assez loin et plus en vue en comparaison, se range une catégorie d’exilés bien spéciale: celle des artistes et autres écrivains. Nulle époque n’a, probablement, plus que la nôtre compté autant de Jean sans Terre parmi leur gent». (L’Arbre à dires)

Dib est bien obligé de trouver des repères dans une société qui n’est pas la sienne et cela transpire dans son essai «L’Arbre à dires» «On n’évite d’être une âme morte ni là où on a ses racines, ni là où l’on n’en a aucune, alors que, retransplanté ailleurs, s’offre au moins à vous l’opportunité, en vous découvrant autre (...) de donner faculté à des dons ignorés de s’épanouir».

Naget Khadra, la spécialiste de Dib, écrit enfin «Son pays natal, Dib n’y habite plus depuis longtemps, mais, comme il arrive presque toujours dans l’exil, ses livres parlent de la terre qu’il a quittée avec une ferveur parfois teintée de nostalgie et comme d’une vague rancune pour tout ce qui aurait pu advenir et qui a avorté. Ils en parlent avec une hauteur de vue qui produit un effet de distance comme s’il s’agissait d’une vue surplombante».

Son oeuvre immense et si riche tant par le nombre de ses romans, de ses poèmes, de ses nouvelles, de son théâtre, de ses essais et de ses contes lui a valu de nombreux prix littéraires: Prix Fénéon 1952, Prix de l’Union des écrivains algériens en 1966, Prix de l’association des écrivains de langue française en 1978, Grand prix de la Francophonie, l’académie Française en 1994 attribué pour la première fois à un écrivain maghrébin, Prix Mallarmé pour son recueil de poèmes L’Enfant-jazz...

Ce «phénomène littéraire», qui aurait mérité le prix Nobel, nous a quitté mais son oeuvre l’inscrit à jamais dans la postérité.Le Quotidien d'Oran, dimanche 4 mai 2008

5e anniversaire de la disparition de Mohamed Dib
par Mohamed Benrebiai

Cinq années se sont écoulées depuis que Mohamed Dib, une des plus grandes plumes de la littérature algérienne, s’est éteint, le 2 mai 2003, à l’âge de 83 ans, dans son domicile de La Celle-Saint-Cloud (France). Il a laissé derrière lui une oeuvre immense.

« De Tlemcen, la ville natale, coeur de la trilogie algérienne d’avant la guerre de Libération (La Grande Maison, l’Incendie, Le Métier à tisser), à la Finlande (Les Terrasses d’Orsol, Le Sommeil d’Eve, Les Neiges de marbre), du Paris des magnifiques poèmes d’Ombre gardienne (1961), au Los Angeles de L.A. Trip, «roman en vers», Mohammed Dib défie la frontière entre les genres, mais aussi les chapelles et les modes» (Nadine Sautel, février 2003).

Mohammed Dib est né le 21 juillet 1920 à Tlemcen où il étudie et termine ses études au collège. Ensuite il passe une année au lycée d’Oujda, au Maroc, avant d’entrer à l’école normale d’instituteurs d’Oran.

Sorti sans diplôme, il trouve un poste d’instituteur à Zoudj Beghal, près de la frontière marocaine, qu’il occupera entre 1938 et 1940. Les deux années suivantes, il se retrouve comptable à Oujda au service des subsistances de l’Armée.

En 1943 et 1944, il fait office, à Alger, d’interprète franco-anglais auprès des armées alliées.

Il est de retour, en 1945, à Tlemcen où il travaille en qualité de maquettiste (de tapis) dans la corporation des tisserands puis rejoint une nouvelle fois Alger comme journaliste, en 1950 et 1951, à «Alger-Républicain». Il écrit également dans le journal du parti communiste algérien «Liberté».

Mohammed Dib se marie en 1951 avec Colette Belissant la fille de l’instituteur Roger Belissant qui lui fera découvrir la culture française et l’encouragera à écrire.

Il écrit, en 1952, sa première oeuvre, de sa trilogie Algérie, La grande maison, saluée par André Malraux qui le qualifie comme l’un des plus grands écrivains algériens de langue française.

La grande maison, inspirée par sa ville natale, décrit à travers le regard d’un enfant de dix ans, Omar, l’atmosphère et les profondeurs de la société algérienne. C’est une réalité où règnent misère, mensonges et hypocrisie. L’action du roman (1939) se situe dans l’immédiat avant-guerre, au moment où les sirènes des exercices d’alerte emplissent déjà Tlemcen,

Ce livre qui reçoit un accueil très favorable auprès des milieux nationalistes est très critiqué par la presse coloniale.

Le fameux passage -souvent cité comme exemplaire- où l’instituteur Hassan dénonce le mensonge de la France, ne pouvait que déranger «Ce n’est pas vrai, si on vous dit que la France est votre patrie», lâche le maître en laissant passer une phrase en arabe.

Omar est un personnage témoin se mêlant à la foule des rues qui lui renvoient l’écho de sa culture auprès des gens de sa condition comme Hamid Saradj. En choisissant un personnage d’enfant, Mohammed Dib signifie aussi que la vie n’est pas encore jouée et que les forces neuves de la jeunesse peuvent triompher.

Pour beaucoup «La Grande Maison» reflète les tendances idéologiques de Mohammed Dib. S’il se prend à dire «nous», c’est qu’il s’approprie et ressent les souffrances de ses personnages.

Dans «L’Incendie» (1954) Omar, encore gamin, va vivre à la campagne et découvrir la grande détresse des paysans et leurs espoirs. L’action se déroule en pleine Deuxième Guerre mondiale.

Ce n’est certainement pas un hasard que «L’Incendie» soit né en 1954, année du déclenchement de la guerre de Libération. C’est du contexte historique qui a prévalu au déclenchement du 1er Novembre 1954, nourri de douleurs et de violences, que Mohammed Dib s’est certainement inspiré.

Dans ses trois premiers romans transparaît une lente prise de conscience politique du peuple algérien devant la colonisation. Mohammed Dib montre comment était vécu le quotidien des plus humbles, là même où la Révolution s’est faite véritablement ensuite.

«Le métier à tisser» (1957) est le troisième roman de la trilogie. L’action se situe à la fin de la Deuxième Guerre mondiale, une période de grande misère faite de pénuries et de rationnements.

Cette fois, Omar a grandi et il est en butte, après deux ans de guerre mondiale, à la prolétarisation des artisans avec qui il travaille et dont il partage la misère.

«Un Eté africain (1959)», dernier roman qu’il écrit en Algérie, dans lequel il aborde la guerre de Libération, précède son expulsion d’Algérie vers la France. A ce propos, Mohammed Dib s’exprimant dans une interview accordée au «Magazine littéraire», en février 2003, souligne: «Pour être plus précis, on m’a «permis» de venir en France. Malraux est intervenu, mais aussi Camus (qu’à l’époque je connaissais à peine) et mes amis Jean Cayrol et Louis Guilloux».

Il s’installe dans les Alpes maritimes en 1959, au Maroc entre 1960 et 1964, pour ensuite revenir en France où il s’installe définitivement, tout en continuant à voyager à l’instar de cette escapade aux Etats-Unis où il enseigna en 1976 la littérature à l’université de Los Angeles.

En 1961, il publie un recueil de poèmes, «Ombre gardienne», préfacé par Aragon, puis deux romans, «Qui se souvient de la mer» (1962) et «Cours sur la rive sauvage» (1964) Avec ces deux romans, Mohammed Dib se défait de l’écriture réaliste, d’avant l’indépendance, qui l’a fait con¬naître, et qui se manifestait jusque dans ses poèmes et nouvelles.

Il s’en explique, lui-même, dans la postface de «Qui se souvient de la mer» «La brusque conscience que j’avais prise à ce moment-là du caractère illimité de l’horreur (...) est, sans doute aucun, à l’origine de cette écriture de pressentiment et de vision».

Naget Khadda, grande spécialiste reconnue de Mohammed Dib, écrit «Avec «Qui se souvient de la mer» M. Dib entre résolument dans une problématique moderne de l’écriture où l’effet de ressemblance avec le réel est abandonné au profit d’une organisation signifiante qui cherche à rendre compte du réel en faisant fi du vraisemblable... le roman Dibien n’opère pas un simple changement de forme, il renonce à être un instrument de connaissance pour devenir interrogation sur l’homme et expression d’être dans un monde hostile».

Dans ce roman il rend hommage à la femme «La sagesse de la mer finit toujours par l’emporter sur les trépignements de l’homme... Sans la mer, sans les femmes, nous serions restés définitivement orphelins: elles nous couvrirent du sel de leur langue et cela, heureusement, préserva maintes d’entre nous! Il faudra le proclamer un jour publiquement».

Mohammed Dib ne cessa de publier, avec régularité, quelques 26 titres, «poèmes Formulaires» (1970), «Omneros» (1975), «Feu, beau feu» (1979), «O vive» (1987), «L’Aube Ismaël» (1996)), pièce de théâtre (Mille hourras pour une gueuse), contes (L’Histoire du chat qui boude) alternent et se mêlent aux romans et nouvelles «Talisman» (1966), «Dieu en barbarie» (1970), «Le Désert sans détour» (1992), «L’Infante maure» (1994), «Dans la nuit sauvage» (1995), «Si diable veut» (1998), «Comme un bruit d’abeilles» (2001), «Simorgh» (2003) et «Laëzza», livre posthume fini deux jours avant sa mort, pour ne citer que ces titres.

Entre 1975 et 1980 il se rend plusieurs fois en Finlande où il collabore, avec Guillevic, à des traductions d’écrivains finlandais. Ces séjours lui inspirent sa «trilogie nordique», publiée à partir de 1985: «Les Terrasses d’Orsol» (1985), «Le Sommeil d’Ève» (1989) et «Neiges de marbre» (1990).

Son séjour à l’Université de Californie à Los Angeles lui inspirera son roman en vers «L.A. Trip» (2003).

Souvent ignoré dans son pays d’origine, il n’est guère plus reconnu, à sa véritable valeur, dans son pays d’accueil.

Dans une de ses dernières interviews, répliquant à Amine Zaoui qui lui demande si son exil est celui d’un homme politique, d’un travailleur émigré ou d’un intellectuel? «Ma réponse est très simple: mon exil est celui d’un travailleur émigré. Après l’indépendance, je n’ai pas trouvé ma place dans mon pays malgré les promesses et les démarches. J’avais une famille à ma charge, il fallait bien qu’elle vive. J’avais proposé l’édition de mes livres en Algérie. Les contrats existent, certains remontent à 1965, d’autres plus récents, à 1979 et 1981».

Dib a rencontré plusieurs responsables, ceux notamment de l’ex-Sned à qui il leur avait proposé ses services, «sans rien réclamer de spécial».

«Aux premières années de l’Indépendance, en 1964 et en 1965. J’avais fait plusieurs voyages et, à chaque fois, on me disait qu’«on allait étudier la question».

La culture a toujours été le parent pauvre dans notre pays et ce ne sont pas les quelques festivals organisés, destinés plus au prestige, qui occulteront la déperdition de notre capital culturel traditionnel et cette résistance aveugle à tout fait culturel contemporain.

Bannir un des plus grands écrivains qu’aura connu l’Algérie, et le plus prolifique en chef-d’oeuvres, est un crime que les quelques poux qu’on a été lui chercher sur sa tête ne sauront jamais excuser.

Le dernier exemple est ce déchaînement qui a fait suite à un entretien accordé par Mohammed Dib à la revue mensuelle française «Magazine littéraire» (édition de février 2003) où l’auteur, répondant à une question ayant trait à ses livres qui se passent entre deux pays et entre deux langues, souligne, entre parenthèses, «que les Algériens devaient avoir honte d’écrire en arabe classique qui est pour la France l’équivalent du latin ou du grec».

L’indignation fut grande des «défenseurs» de la langue arabe et des écrivains d’expression arabe, mais elle s’est manifestée seulement à l’occasion de la tenue du Salon du livre à Alger en septembre 2003, qui consacrait officiellement Mohammed Dib, avec des journées d’études traitant de son oeuvre.

C’est évidemment notre «pourfendeur national» des écrivains algériens d’expression française, en l’occurrence Tahar Ouettar, qui se déchaînera et ira jusqu’à contester l’hommage rendu à ce monument de la littérature contemporaine.

Extraite du contexte entier de la réponse, cette phrase peut choquer les âmes sensibles et sourcilleuses d’une constante nationale sacrée.

Dans sa réponse au «Magazine littéraire», Dib dit d’abord «mes images mentales sont différentes de celles d’un Français, elles appartiennent à l’arabe parlé qui est ma langue maternelle» avant l’affirmation en cause qui, paradoxalement, a donné lieu, pour une fois, à un débat intéressant sur les origines du conflit linguistique.

La responsabilité incombe à ceux qui, avec une politique d’arabisation menée de manière irrationnelle et au pas de charge, dès les premières années de l’Indépendance, ont créé et alimenté le clivage, dressant un mur d’incompréhension mutuelle et incité à crier haro sur ceux qui seront taxés de «Hizb França».

Mohammed Dib appartient à cette génération qui s’est vu exclue, au lendemain de l’Indépendance. Les désillusions et les douleurs vécues par l’homme ont, peut-être, donné naissance à une aversion envers plus un symbole d’un système destructeur que la langue arabe même.

Dire que Dib ne souffrait pas de son exil signifie être ignorant de son oeuvre qui traduit, dans la plupart de ses écrits, le mal-être dans un environnement sans racines après avoir perdu le sien.

Ecoutons Faïna, le personnage féminin dans «Sommeil d’Eve» «Je me quitte... Pendant ce temps mon vrai moi, prolongé au fond d’un puits, est en train de crier au secours».

Puis il a la nostalgie de son pays «l’émigré ne rêve que de retrouvailles avec le pays perdu, et de la résurrection que cela signifierait pour lui. Hanté par l’idée de retour, au vrai, celui-ci espère obscurément plus que cela: voir son pays venir à lui.(...) Assez loin et plus en vue en comparaison, se range une catégorie d’exilés bien spéciale: celle des artistes et autres écrivains. Nulle époque n’a, probablement, plus que la nôtre compté autant de Jean sans Terre parmi leur gent». (L’Arbre à dires)

Dib est bien obligé de trouver des repères dans une société qui n’est pas la sienne et cela transpire dans son essai «L’Arbre à dires» «On n’évite d’être une âme morte ni là où on a ses racines, ni là où l’on n’en a aucune, alors que, retransplanté ailleurs, s’offre au moins à vous l’opportunité, en vous découvrant autre (...) de donner faculté à des dons ignorés de s’épanouir».

Naget Khadra, la spécialiste de Dib, écrit enfin «Son pays natal, Dib n’y habite plus depuis longtemps, mais, comme il arrive presque toujours dans l’exil, ses livres parlent de la terre qu’il a quittée avec une ferveur parfois teintée de nostalgie et comme d’une vague rancune pour tout ce qui aurait pu advenir et qui a avorté. Ils en parlent avec une hauteur de vue qui produit un effet de distance comme s’il s’agissait d’une vue surplombante».

Son oeuvre immense et si riche tant par le nombre de ses romans, de ses poèmes, de ses nouvelles, de son théâtre, de ses essais et de ses contes lui a valu de nombreux prix littéraires: Prix Fénéon 1952, Prix de l’Union des écrivains algériens en 1966, Prix de l’association des écrivains de langue française en 1978, Grand prix de la Francophonie, l’académie Française en 1994 attribué pour la première fois à un écrivain maghrébin, Prix Mallarmé pour son recueil de poèmes L’Enfant-jazz...

Ce «phénomène littéraire», qui aurait mérité le prix Nobel, nous a quitté mais son oeuvre l’inscrit à jamais dans la postérité.

samedi, mai 03, 2008

81- Marignane - Oran

J'ai pris un vol d'Aigle Azur ce 01 mai en direction d'Oran. Formalités rapides, police et douaniers corrects. Lenteur dans la récupération de nos valises (30 minutes d'attente). Z et S m'attendent. Dans l'heure qui suis nous nous retrouvons chez moi (oui, chez moi), au camp 5 à Ain-Biya, commune de Béthioua (Arzew, ORAN). Famille....
Le lendemain vu les amis. Un tour à Arzew avec R., N.,B., et H. Nous prospectons une maison au bord de l'eau vers Cap Blanc, pour notre ami M. resté à Bobigny. Un puis deux... pots.

Ce matin, Cybercafé; mail: B. San. m'apprend qu'il a perdu sa mère. Je lui adresse mes condoléances sincères.