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vendredi, avril 04, 2008

73- Portraits de sidérurgistes à Fos sur Mer

J'ai assisté hier soir à une représentation au théâtre de Fos intitulée « Coulée d’encre », un spectacle co-produit par le comité d’entreprise d’ArcelorMittal en partenariat avec le théâtre de Fos, de Scènes et Cinés Ouest Provence et l’association Ville Lecture Ouest Provence. Environ deux cents personnes dont l’écrasante majorité était constituée des salariés de l’usine ainsi que de leur famille, ont assisté à la représentation.

25 employés sidérurgistes ont accepté de se confier à un auteur, Jo Ros, qui a tiré à chacun son « portrait littéraire ». « Ils m’ont tendu les mains – dit Ros – et le bout de leur souffle, je leur ai rendu une « coulée d’encre » sur le papier du travail de l’usine, déposée en brames blanches sur leur mémoire de femmes et d’hommes. »

Les descriptions ne sont peut-être pas profondes, ne jonglent pas avec la syntaxe, mais elles traduisent on le devine assez fidèlement à travers chaque ligne, les désirs, les chemins parcourus et les parcelles de vie des uns et des autres. On les lit avec un réel plaisir.

Extraits : « (…) Malgré la rudesse de la tâche, l’adaptation incontournable à un rythme de vie et de travail qui me font tenir les heures, jour après jour, des postes en trois huit, mon corps et mon âme se sont trempés aux cadences des coulées d’acier. Un volcan qui ne s’éteint jamais. Un volcan dans mes idées. Un besoin de comprendre le monde. Et celui des origines de l’être humain. Il m’est venu à la lumière de quelques lectures et de documentaires télévisés, le besoin de me plonger dans ces énormes récits que sont la Bible, le Coran et la Tora (…) »

Technicien aciériste, 53 ans.

« (…) Ce qui m’intéresse et me préoccupe, plus que la culture chimique et physique des technologies industrielles, c’est la place de l’homme dans une telle machinerie, un tel gigantisme. L’homme serait-il ce si petit élément que l’on puisse à la fois le nier et ne pouvoir s’en passer. Ce que j’ai vécu, toute cette expérience accumulée, ce parcours de professionnel et d’homme dans ces dédales de fer ont participé à mon éducation (…) »

Technicien aciériste, 56 ans.

« (…) L’injustice, l’atteinte aux droits des femmes, des enfants, de l’homme en général me mettent en colère. Guerre, violences, racisme amènent leur malaise au sein de l’usine dans nos discussions et nos prises de position. Dans le cadre de ce formidable outil, le Comité d’entreprise je préfère aider, proposer, construire. Je regrette de ne pas avoir connu ce service plus tôt. Peut-être parce que j’ai eu un parcours de femme et de terrain dans l’usine, essuyant la misogynie aujourd’hui en voie de disparition, curieuse de tout, aimant la vie, le changement, le mouvement. Aujourd’hui je suis comblée. Vous n’êtes plus étonné, tant mieux, parce que moi je suis bien dans ma tête et dans ma peau. »

Technicienne de gestion, 56 ans.

Et ainsi de suite durant 54 pages de vie (le recueil n’étant pas numéroté, j’ai du compter les feuilles !)


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