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mardi, mai 29, 2007

55- Regret à l'endroit de madame Catherine CAMUS.


Albert CAMUS l'Algérien est d'un apport essentiel à la littérature et à la pensée algériennes.

Nous ne pouvons qu'en être fiers quels que soient les malentendus, incomprehensions et autres oppositions des uns et des autres.

Je regrette le malentendu provenant aussi d'une omission et de précisions regrettables de ma part.

Je le regrette profondément auprès de madame Catherine CAMUS.

J'ai retiré l'article sur CAMUS (lire à n° 35 - " décembre 2006").

Il y a lieu de préciser que les paroles que je prète à Mme C. Camus sont totalement authentiques

Cet article ne sera pas repris sans autorisation de madame CAMUS

Un courrier de clarification lui a été adressé ce jour même.

Ahmed HANIFI
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J'ajoute ceci aujourd'hui samedi 9 Juin 2007:

1- dans mon courrier à madame C.Camus j'ai écrit:

« .. je tiens à vous présenter toutes les excuses possibles. Sachez madame qu’en aucune manière j’ai tenté volontairement de porter atteinte à quelque membre que ce soit de votre famille. (...) Je regrette l’ampleur que l’on tente de donner à cette malencontreuse bêtise (…) Seule compte pour moi la délivrance d’un monde factice fait de procès d’intention et de culture de la culpabilité. Vous constaterez madame que j’ai censuré de mon blog l’article litigieux. Sans votre autorisation (conditionnée je le comprendrais) j’en resterais là... »

2- Hélas, celle-ci ne semble pas avoir lu ma lettre avec l’attention que je souhaitais.

Elle m’a répondu ceci (lettre du 5 juin):

« Je maintiens que je trouve incorrect de ne pas m’avoir demandé mon accord au préalable sur la forme et sur le fond, sur ce point votre lettre ne m’a pas convaincue. »

3- Par conséquent, je regrette de ne pouvoir porter à la connaissance des bloggueurs les paroles de madame C.Camus sur notre écrivain, Albert Camus.

Nous en resterons la. Mille excuses. ahmed HANIFI

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mercredi, mai 23, 2007

54- La Littérature-monde s'impose

Le festival Etonnants Voyageurs lui sera consacré, fin mai.

Le calendrier s'est emballé. Et le cadre s'est dilaté. Programmé pour 2008, le thème de la " littérature-monde" s'est imposé pour le 18e festival d'Etonnants Voyageurs [www.etonnants-voyageurs.com], qui se tiendra du 26 au 28 mai à Saint-Malo (Ille-et-Vilaine). Il a ravi la vedette aux "villes-mondes", thématique initialement prévue. Celles-ci seront cependant aussi célébrées, à travers 13 films et une trentaine d'auteurs.

Mais l'occasion était trop belle. Pour Michel Le Bris, directeur du festival malouin, il fallait la saisir. Depuis la parution du manifeste signé par 44 écrivains en faveur d'une "littérature-monde" en français, dans "Le Monde des livres" du 16 mars, les réactions de tous horizons ont fusé. Pour la première fois depuis longtemps, les universités américaines prêtent une oreille attentive à ce qui se passe dans le champ de la langue française.

Abdou Diouf, secrétaire général de l'Organisation internationale de la francophonie, a fustigé cet appel, estimant que ses signataires confondent "francocentrisme et francophonie". Pour l'ex-président du Sénégal, ces auteurs ont choisi de se "poser en fossoyeurs de la francophonie, non pas sur la base d'arguments fondés, ce qui aurait eu le mérite d'ouvrir un débat, mais en redonnant vigueur à des poncifs qui décidément ont la vie dure".

Dans Le Figaro, le 22 mars, Nicolas Sarkozy invitait à "réfléchir à la création de chaires francophones, quasi inexistantes en France, afin de retenir des talents littéraires comme Maryse Condé, Alain Mabanckou ou Achille Mbembe, qui ont fini par s'exiler aux Etats-Unis". Et de poursuivre : "Le coeur et l'avenir de la francophonie sont de moins en moins français, mais, paradoxalement, de plus en plus anglo-saxons."

Sur le blog d'Alain Mabanckou, un des "44", Achille Mbembe, un des plus grands intellectuels africains, a résumé la situation. "Le français est désormais une langue au pluriel, écrit-il. En se déployant hors de l'Hexagone, il s'est enrichi, s'est infléchi et a pris du champ par rapport à ses origines." "La France n'en a plus l'exclusive propriété", note encore l'auteur de De la postcolonie (Karthala, 2000), mais un blocage culturel demeure, car "le français en France a toujours été pensé en relation à une géographie imaginaire qui donnait à ce pays l'illusion d'être le "centre du monde"".

UN LIVRE, UNE ASSOCIATION

Les organisateurs d'Etonnants Voyageurs ont pris deux initiatives pour faire sauter ce dernier verrou. La première est la parution d'un quasi-quick book littéraire, un livre produit très rapidement. En deux mois ont été rassemblés 27 contributions dans Pour une Littérature-Monde, sous la houlette de Michel Le Bris et Jean Rouaud, qui paraîtra chez Gallimard le 25 mai (350 p., 20 €). La rencontre de ces deux écrivains est un des points d'orgue de cet ouvrage. L'un - par le détour du concept de littérature-monde -, et l'autre - à partir de sa réflexion sur la littérature française et la mort du roman - se sont trouvés sur le même chemin. "Cela a été une rencontre très fructueuse. C'est le début d'une nouvelle aventure poétique", précise Jean Rouaud. "La littérature française n'est plus réductible à une littérature de France", ajoute-t-il.

Pour Jean-Marie Laclavetine, signataire du manifeste et contributeur, cet ouvrage collectif se devait d'être "le plus éclectique possible" pour montrer que "des écrivains se sont rassemblés à un moment donné en faveur d'une littérature désentravée, ouverte sur le monde". Le livre doit servir "de balise, de fanal", dit-il. Séduit par le projet, Antoine Gallimard a donné son accord très rapidement. Si d'aventure cette démarche rencontrait un public large, une revue pourrait voir le jour.

Ce qui conduit à la deuxième initiative : la mise en place de la Convention de Saint-Malo, qui sera installée dimanche 27 mai, dans le cadre du festival. Il s'agit d'une association qui doit accompagner le mouvement en faveur d'une littérature-monde de langue française et mettre en valeur la pléiade d'écrivains qui la composent. Elle élira son bureau, et Michel Le Bris ne désespère pas de convaincre Alain Mabanckou, Prix Renaudot 2006 pour Mémoires de porc-épic (Seuil) et professeur de littérature à l'université de Californie-Los Angeles (UCLA), d'en prendre la tête.

Quatre prix littéraires seront remis à Saint-Malo qui honoreront la littérature-monde, deux anciens (les prix Joseph-Kessel - SCAM et les Gens de mer-Hurtigruten) et deux nouvellement créés : le prix Nicolas Bouvier, doté de 15 000 euros, et le prix Robert Ganzo, doté de 10 000 euros, qui distinguera l'auteur d'un livre de poésie d'expression française en prise avec le mouvement du monde.

Pour sa 18e édition, Etonnants Voyageurs s'est aussi considérablement agrandi : sa surface d'accueil a doublé, ce qui permet d'accorder une large place à la jeunesse, aux films, aux spectacles, à l'aventure et à la mer, au côté de la littérature-monde.

Alain Beuve-Méry.
in : Le Monde, vendredi 18 mai 2007


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http://passouline.blog.lemonde.fr/2007/06/10/quelle-litterature-monde/
10 juin 2007


Quelle “littérature-monde” ?

C’est nouveau, ça vient de sortir, ça s’appelle « la littérature-monde » et ça risque fort de plaire car ça sonne comme « les musiques du monde ». On adore ça en France, classer, ranger, étiqueter. C’est tellement plus pratique quand il s’agit de saisir l’insaisissable. En fait, la chose existe depuis longtemps (on trouve déjà l’expression « littérature mondiale » en 1835 dans les Conversations de Goethe avec Eckermann) mais au motif que la dernière saison littéraire a vu le juste couronnement de plusieurs écrivains étrangers de langue française, quelques-uns ont inventé d’en faire une sorte de mouvement en concoctant un manifeste prenant acte de la naissance historique de la chose en 2007 sur le modèle de la « World Fiction ». Parmi les signataires, on trouve des écrivains dont l’œuvre s’est d’ores et déjà imposée en France et dans le monde. Leur littérature n’a pas attendu ce manifeste pour s’ouvrir au monde. Ils font de la littérature-monde comme M. Jourdain de la prose. Par quel mystère se sont-ils laissés embarquer dans cette galère ? Pour l’instant, elle vogue sous pavillon de complaisance, celui du festival « Etonnants voyageurs » , deuxième salon du livre en France par son importance dont Michel Le Bris, qui en est depuis dix sept ans l’inspiré et rusé animateur (la dernière édition il y a peu a été l’occasion de disséquer le concept à travers un grand nombre de débats), espère bien faire le premier. Quand elle sera revenue à quai, la galère des romanciers-monde retrouvera ses couleurs naturelles : celles d’une usine à gaz.

Une photo de quelques écrivains adossés au mur de leur maison d’édition a longtemps suffi à faire croire que le « nouveau roman » existait bel et bien ; un plateau d’Apostrophes et une couverture des Nouvelles littéraires ont propagé l’idée que « les nouveaux philosophes » avaient quelque chose en commun ; l’illusion ne trompa que ceux qui voulaient bien être trompés. Ce que ne dit pas ce nouveau manifeste qui s’insurge contre les épouvantails de l’arrogance franco-française et de son indifférence au monde, c’est qu’aujourd’hui un jeune auteur des Balkans ou d’Afrique a plus de chance de se faire connaître tant il est sollicité par les bourses, festivals, collections et autres, que son congénère inconnu du Maine-et-Loire. Quand on veut tuer son chien, on dit qu’il a la rage. Aussi Michel Le Bris et Jean Rouaud, à l’origine du mouvement, s’emploient-ils à dépeindre la production littéraire française sous un jour crépusculaire, voire apocalyptique, afin de mieux justifier le salut qu’ils prétendent lui apporter. Il n’est que de les lire dans leur livre-manifeste Pour une littérature-monde (Gallimard) ou de les écouter dans leurs interventions. Ils prétendent combattre l’hydre néo-colonialiste de la francophonie, fantasme que l’on croyait de longue date rangé aux magasins des accessoires, de même que la vieille lune du structuralisme des années 60 et le cliché du nombrilisme germanopratin censés empêcher nos écrivains d’aller voir ailleurs, comme si ailleurs l’herbe de l’inspiration était nécessairement plus verte alors que de toute façon, ces choses là se passent entre quatre murs. Comme l’a très justement fait remarquer Jean-Marie Borzeix l’autre samedi à “Répliques” sur France-Culture, lui qui arpente inlassablement les territoires de la francophonie depuis des lustres : « Charles-Ferdinand Ramuz qui n’a jamais quitté son canton de Vaud sauf pour des vacances dans le Valais est autant un écrivain-monde que Nicolas Bouvier qui n’a pas cessé de courir la planète ! »

Une phrase, une seule, vaut tous les manifestes, ainsi que les thèses, articles et études qu’ils ne manqueront de susciter. Elle est du portugais Miguel Torga : « L’universel, c’est le local moins les murs ». Inutile de demander ses papiers au poète, on se fiche bien de la couleur de sa peau et de son bled natal, toutes les origines sont les bienvenues lorsqu’il s’agit d’irriguer la langue française d’un sang neuf, étant entendu que la langue est la vraie patrie d’un écrivain. Sans qu’il soit nécessaire d’en faire un tam-tam, le monde est déjà dans les romans en France aussi n’en déplaise aux myopes, avec plus ou moins de bonheur selon les millésimes. Relisez A la recherche du temps perdu, vous verrez, c’est déjà manifeste.

Pierre Assouline

samedi, mai 05, 2007

53- Francophonie? Tahar BEN JELLOUN


Extraits d'un bel article de TAHAR BEN JELLOUN paru dans LE MONDE DIPLOMATIQUE de ce mois de Mai 2007

Ces « métèques » qui illustrent la littérature française

On ne parle pas le francophone

Les mots se jouent des visas pour entrer dans la littérature. La littérature française est donc celle que construisent tous les auteurs qui s’expriment en français, où que ce soit dans le monde. A cet égard, le qualificatif de « francophones », pour désigner les écrivains ressortissant d’autres pays que la France, et les œuvres qu’ils produisent, est non seulement absurde, mais aussi blessant. Ne fait-il pas penser aux tentatives d’instaurer une hiérarchie entre les Français dits « de souche » et les autres, pourtant tous citoyens égaux en droits ?

Par Tahar Ben Jelloun

Pourquoi la cave de ma mémoire, où habitent deux langues, ne se plaint jamais ? Les mots y circulent en toute liberté, et il leur arrive de se faire remplacer ou supplanter par d’autres mots sans que cela fasse un drame. C’est que ma langue maternelle cultive l’hospitalité et entretient la cohabitation avec intelligence et humour.

Ainsi, que de fois il m’est arrivé, en écrivant, d’avoir un trou, un vide, une sorte de lacune linguistique. Je cherche l’expression ou le mot juste, mot parfois banal, et je ne le retrouve pas. La langue arabe, classique ou dialectale, vient à mon secours et me fait plusieurs propositions pour me dépanner. Ces mots arabes, je les écris dans le texte même, en attendant que ceux qui m’ont lâché reviennent. C’est une question d’humeur, de fatigue ou d’errance.

Oui, il m’arrive de céder à une errance dans l’écriture comme si j’avais besoin de consolider les bases de mon bilinguisme. Je fouille dans cette cave, et j’aime que les langues se mélangent, non pas pour écrire un texte en deux langues, mais juste pour provoquer une sorte de contamination de l’une par l’autre. C’est mieux qu’un simple mélange ; c’est du métissage, comme deux tissus, deux couleurs qui composent une étreinte d’un amour infini.

Cette situation est simplement fabuleuse. Personne ne peut affirmer que cette appartenance à deux mondes, à deux cultures, à deux langues n’est pas une chance, une merveilleuse aubaine pour la langue française. Car c’est en français que j’écris et, pour des raisons de choix et de défi, je ne me suis jamais senti prédisposé à créer en langue arabe classique. Malheureusement je ne maîtrise pas cette langue, belle, riche et complexe. Une question de hasard et d’histoire. Il aurait fallu tôt s’investir entièrement dans cette langue pour pouvoir l’utiliser et en faire l’expression privilégiée de mon imaginaire, avec l’ambition de raconter des histoires qui sont autant de desseins humains ; je savais cependant, comme le dit un personnage de Tandis que j’agonise, de William Faulkner, que « les mots ne correspondent jamais à ce qu'ils s'efforcent d'exprimer".

Dès l'école primaire, je me suis trouvé...