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dimanche, avril 28, 2024

840_ La liberté de la presse dans le monde, RSF, Le dessous des cartes (Arte), Pierre Bourdieu sur la presse…



La liberté de la presse dans le monde, Le dessous des cartes (Arte), Pierre Bourdieu sur la presse…

 

J’ai visionné hier, samedi 27 avril 2024, l’émission d’ARTE « Le dessous des cartes » à propos de la liberté de la presse dans le monde. Je ne conteste pas ce qui y a été dit. La présentatrice, Émilie Aubry qui réalise de bonnes émissions, commence avec un opposant russe. Dmitri Mouratov (prix Nobel de la paix 2021). Il déclarait récemment dit-elle « l’absence de liberté de la presse fait toujours naître la propagande, la propagande est toujours au service de la tyrannie, et la tyrannie se dirige toujours vers la guerre. »  Puis elle propose, en collaboration avec RSF, « un état des lieux mondial d’un droit fondamental, celui d’informer. » Suit un catalogue de pays respectant ou non, à des degrés divers, cette liberté de la presse. Très bien. C’est très bien (voir la 2° vidéo d’ARTE, après celle sur Bourdieu)

 

Ce que je reproche à ce type d’émission (il y en a des tonnes) c’est de procéder par orientation. Elle dit « liberté de la presse » et n’entame le sujet que par un volet restreint (toutefois extrêmement important et j’approuve) qu’elle développe « avec RSF ». Bien. Mais…

 

En France, on n’assassine pas les journalistes, on ne les interdit pas en les mettant en cage, ni en leur tapant dessus avec de gros sabots, non. En France, on parle de quasiment tout et de n’importe quoi, et souvent de n’importe quoi (et de mal en pis, le souk haineux de C News, Europe 1…) La presse est défendue par une Justice globalement neutre (encore qu’il faille lire le rapport de Louis Maurin, directeur de l'Observatoire des inégalités qui soupçonne la Justice de punir avec des pincettes les riches et avec des mains lourdes les pauvres).

 

On n’embastille pas en France, on n’enferme pas, mais (car il y a un ‘‘ mais’’, un très gros ‘‘mais’’) les contenus médiatiques français sont gros de sournoiserie, de perfidie, de mauvaise foi et d’omissions grasses et de dédain… ah, le dédain !

 

LISEZ LA SUITE « en vidéo ». Il y en a trois : présentations/ Pierre Bourdieu parle des médias français/ l’émission d’hier soir d’ARTE sur Le rapport RSF sur la liberté de la presse dans le monde.

Vous avez tout ici : 

 

 

 

Il serait long d’expliquer, mais je vous donne quelques exemples très actuels, chauds : Voyez comment les médias – dans leur écrasante majorité – traitent de manière extrêmement caricaturale et avec un parti-pris manifeste de la guerre en Ukraine et des massacres de masses israéliennes à Gaza jusqu’à émouvoir au sein de leur corporation (exemple de Jean Quatremer au début de janvier dernier (Un œil sur le monde/LCI) : « “on se croirait véritablement en Afrique du Sud, les Israéliens considèrent les Palestiniens comme du bétail… Israël joue vraiment avec le feu… Personne ne peut soutenir Israël, »avant de se raviser trois semaines plus tard, n’évoquant plus Israël, mais les barbares du Hamas, jusqu’à ce récent : « C’est gênant cette façon de considérer qu’il n’y a pas en face d’Israël des terroristes islamistes du Hamas qui refusent de déposer les armes et exposent sciemment leur population, exactement comme les nazis en 1945. Et que dire du silence sur les otages ? »  (17 avril sur « X ») Que s’est-il passé ? (Cf. vidéo Bourdieu)

 

Maintenant lisez bien ce qui suit. C’est un cas typique parmi des dizaines d’autres (qui pourrait faire « cas d’école »). C’était dimanche 8 octobre 2023, sur France Inter à 8h20, au lendemain de l’attaque de Hamas contre Israël. Ali Baddou (un gros chien de garde, au sens de Nizan) reçoit (entre autres) Hala Abou-Hassira, ambassadrice de Palestine en France : 

 

Ali Baddou (le chien de garde, LCDG) : Madame l’ambassadrice, vous avez essayé de joindre votre mère au téléphone il y a quelques heures à peine, pour avoir des nouvelles de votre famille à Gaza. Sur ‘Twitter’ vous disiez que c’était un coup de fil qui ressemblait à des adieux pourquoi ?

 

Hala Abou-Hassira : Permettez-moi de dire que la situation actuelle, c’est Israël qui est entièrement et seul responsable de ce qui se passe de par la continuité de son occ…
(il lui coupe la parole)

 

AB (LCDG) : mais c’est la Hamas qui a attaqué

 

HAH : mais le peuple palestinien est sous attaque depuis 75 ans. Le peuple palestinien est sous occupation militaire depuis 56 ans cette année. Le peuple palestinien subit la négation totale de son droit inaliénable à l’autodétermination. C’est le peuple palestinien, que ce soit à Jérusalem-Est, que ce soit en Cisjordanie, que ce soit dans la bande de Gaza qui est sous attaques depuis 75 ans. Hier Israel a… (il la coupe)

 

AB (LCDG) : On va parler de l’histoire, mais voilà, hier, hier c’est le Hamas qui a lancé une attaque d’une ampleur sans précédent.

 

HAH : Israël a décidé de collectivement punir le peuple palestinien comme il fait toujours. Hier ils ont coupé l’électricité sur toute la bande de Gaza, pendant des heures personne n’a pu contacter sa famille ou ses bien-aimés, c’est la terreur. C’est le peuple palestinien dans son entièreté qui est pris en otage par Israël.

 

AB (LCDG) : Vous avez pu avoir des nouvelles de votre famille ?

 

HAH : heureusement oui, mais tout le monde, les deux millions d’habitants de Gaza ont passé une nuit de terreur. Nuit de terreur qu’ils ont l’habitude de passer chaque fois qu’Israël mène ses attaques, qu’Israël cherche des gains politiques ou pour satisfaire une alliance gouvernementale d’extrême droite ou de fasciste. L’actuel gouvernement israélien, le gouvernement fasciste d’Israël.

 

AB (LCDG) : On va y venir, le mot « fasciste », on va en débattre et beaucoup de choses à discuter. On va continuer le tour de table…

 

(…)

 

AB (LCDG) : madame l’ambassadrice, vous ne condamnez pas l’attaque du Hamas contre Israël. Que ce soit simplement dit et clair !

 

HAH : pour que les choses soient très simples et claires, je condamne l’occupation, je condamne l’apartheid, je condamne les deux. 260 morts palestiniens personnes n’en parle ! Hier, juste hier, six Palestiniens ont été tués en Cisjordanie… (il la coupe)

 

AB (LCDG) : on va en parler ! mais est-ce que vous condamnez l’attaque contre Israël.

 

HAH : je déplore, je déplore la perte de vie de chaque côté. La perte de vie et des Palestiniens et d’Israéliens… (il la coupe)

 

AB (LCDG) : donc vous ne condamnez pas cette attaque-là

 

HAH : c’est pour cela, aujourd’hui c’est le moment de renverser cette crise en une opportunité d’engager une vraie dynamique politique pour mettre fin à l’occupation qui est la source des problèmes, la source de toutes ces tensions, la source de ces pertes de vie. Avec une communauté internationale extrêmement biaisée avec un double poids deux mesures. Il faut voir les vies des Palestiniens comme les vies des autres, comme les vies des Ukrainiens…

 

AB (LCDG) : bien sûr, mais on aura compris que vous ne condamniez pas cette attaque-là en particulier.

 

HAH : je condamne la mort de toute vie innocente, bien sûr.

 

AB (LCDG) : justement, Abou Hassira

 

HAH : merci (à Gérard Araud, ancien ambassadeur de France en Israël, présent ici) de mentionner la population palestinienne. Ce qui est incroyable c’est qu’on ne parle pas des Palestiniens, des victimes palestiniennes… (il la coupe)

 

AB (LCDG) : alors on le fait depuis ce matin sur Inter

 

HAH : …du point de vue palestinien ! on minimise ce qui… (il la coupe)

 

AB (LCDG) : madame l’ambassadrice, vous êtes la représentante de l’Autorité palestinienne qui n’est en rien représentante de la bande de Gaza où domine le Hamas. Le Hamas on peut dire qu’elle (elle) a mené une attaque terroriste. La Cisjordanie c’est une autre histoire ! Est-ce que vous êtes solidaire du Hamas, c’est la question qu’on se pose aujourd’hui.

 

HAH : le peuple… (il la coupe)

 

AB (LCDG) : vous ne représentez pas…

 

HAH : le peuple… (il la coupe)

 

AB (LCDG) : tous les Palestiniens

 

HAH : le peuple palestinien dans son entièreté subit l’occupation. Dans la bande de Gaza c’est le siège le plus inhumain de nos temps modernes.

 

AB (LCDG) : pas de la même manière !

 

HAH : Hier Netanyahou a invité les Ghazaouis à quitter chez eux (quitter leurs domiciles). Pour aller où ? Pour aller où ? via quelle frontière ? C’est le blocus le plus inhumain imposé sur la bande de Gaza. Personne ne sait où aller à Gaza.

 

Etc., etc. 

Un vrai chien de garde le Ali Baddou. Un pur produit de la Nomenclature française. Proximité avec les pouvoir français et marocain, avec la bourgeoisie… 

 

(Plus d’infos ici : https://leblogdeahmedhanifi.blogspot.com/search?q=ali+baddou)

 

 

Je vous prose d’écouter (1° vidéo) celui qui a le mieux compris et expliqué le fonctionnement des médias français, l’un des plus importants sociologues que le monde ait connus. Une sommité mondiale.

Puis l’émission d’Arte sur la presse.

 

ahmedhanifi@gmail.com – dimanche 28 avril 2024


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jeudi, avril 25, 2024

839_ CONFÉRENCE DE JEAN-LUC MÉLENCHON À SCIENCES PO PARIS

 

Conférence de Jean-Luc Mélenchon tenue ce lundi 22 avril 2024, à SCIENCES PO. Il a traité de nombreux sujets de la Palestine au Capitalisme, des banlieues à l’Europe, de l’islamophobie aux luttes, du pouvoir …

Cette vidéo a été vue plus de 152.000 fois depuis sa mise en ligne il y a deux jours.

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AH _ Mélenchon avril 2024 Sciences Po - 1.2


AH _ Mélenchon avril 2024 Sciences Po - 2.2






838 - IL N'Y A PAS DE PALESTINIEN INNOCENT

 

« Je suis venu à Gaza pour l’occuper

Et le Hezbollah, nous le frapperons à la tête.

NOUS ADHÉRONS À UNE OBLIGATION RELIGIEUSE.

Pour éliminer les descendants des Amalécites [aujourd’hui = les Palestiniens]

Nous avons laissé nos maisons derrière nous 

Et nous ne reviendrons pas avant la victoire.

Tout le monde connaît notre slogan :

IL N’Y A PAS D’INNOCENTS. »








mardi, avril 23, 2024

837_ Avril à Paris

 




















































Avril à Paris

 

Avril à Paris

 

Le ciel s’assombrit à Paris, et dans le sud-est du monde on ne se nourrit pas d’air pur ni de fakes ou de sophisme comme l’écrit bien un journaliste du Quotidien d’Oran. Ils disent « l’Europe se prononce contre l’agression par l’Iran d’Israël ». Cet état voyou provoque l’Iran en bombardant l’ambassade iranienne en Syrie et c’est ce pays, l’Iran qui riposte, qui devient « L’Iran agresseur » du point de vue de la propagande européenne et ses médias qui ni ne rougissent, ni ne se cachent.

 Nous avons pris une semaine pour retrouver Paris… Le mardi matin (16 avril, "Youm el ilm" n'est-ce- pas), il pleut sur Paris comme il pleure etc. On connaît la suite et la fin, ‘‘c’ est bien la pire peine, de ne savoir pourquoi’’

  


La La chaîne devant l’Institut du Monde Arabe est longue et bon enfant. « Reproduisant des motifs traditionnels de la géométrie arabe, la façade Sud est composée de 240 moucharabiehs… Le moucharabieh a la délicatesse d’un mécanisme d’horlogerie et la sophistication d’une mosaïque. Une cellule photo-électrique permet un dosage de la lumière en fonction de l’ensoleillement. 

Les diaphragmes s’ouvrent et se ferment suivant la luminosité extérieure. » (IMA) Une façade mobile quoi ! Aujourd’hui, les yeux (diaphragmes) de l’infrastructure métallique sont grand ouverts comme en temps beau. Billetterie et sous-sol. Vite. Nom de l’expo « Étienne Dinet (1861-1929), Passions algériennes » (jusqu’au 9 juin). On y lit, disent les organisateurs « la passion que nourrit l’artiste pour l’Algérie dont il épousa la terre, la foi et la cause. » Voici quelques-unes de ses peintures. 

 

 









 





Que serait Paris sans ses monuments, sa tour Eiffel, Notre Dame, Les Champs Élysées, la Basilique du Sacré Cœur… Sans eux Paris ne serait pas Paris. Pour rejoindre cette dernière, j’ai emprunté le Quai St Bernard direction nord (le sud mène à la Grande bibliothèque Mitterrand), longé le quai Montebello, traversé l’île de la Cité, longé le boulevard de Strasbourg et combien d’autres rues et places chargés chacun chacune d’autant d’histoires que de respirations, de déceptions, de fantômes et de vies avant d’arriver à Anvers et enfin derrière Montmartre et la basilique. 1891 est la date de sa construction. Inaugurée 32 ans plus tard.  Énormément de monde, essentiellement des visiteurs étrangers, on entend toutes sortes de langues. Elle est, avec la Tour Eiffel, parmi les monuments les plus visités de France. Une visite s’impose (une énième). Et le grand escalier qui y mène est lourdement chargé de « cadenas de l’amour » qui y sont scellés. La mairie du quartier avait décidé de les retirer l’année dernière pour embellir le quartier. Ils sont toujours là, en grands vainqueurs et l’escalier n’en est que plus doré, plus beau.

 

 




   

 



















Plus tard, le lendemain ou surlendemain, une visite (nous étions plusieurs) s’imposa (parmi toutes les possibles) à Auvers-sur-Oise. Cela n’est plus que naturel, venant du Sud que Vincent chérissait, particulièrement Arles, Saint-Rémy de Provence etc, où une « route de Van Gogh » a été balisée et un musée, « Estrine », dédié. Prendre une photo (surtout dans la petite, ridicule chambre de l’artiste) y est strictement interdit… Je me suis, il y a longtemps, promis de ne plus y revenir. Mais les années passant, on aplani, on édulcore, on oublie les promesses et les jurons.

 

 

 

 

 




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Un autre jour s’annonça, grisâtre comme les précédents. J’ai pris le métro dans le 18°. J’ai rendez-vous avec mon ami H à Gare de l’Est. À hauteur du croisement Ornano-Simplon j’ai une pensée à l’endroit de notre ami défunt commun Larry, tenancier jusqu’à la veille du 3° millénaire, du Bar de la rue Joseph Dijon à deux pas, une autre à Mahmoud et une troisième à « La Snouss ». Les années se bousculent et nous bousculent, nous pressent avec elles, droit devant, nous qui n’avons rien demandé de cela.

 

Avec H. nous faisons un grand tour « à pied » depuis le terre-plein de la gare qui nous mène à Barbès. Je pense plus au café chic que nous regardons à partir du trottoir d’en face où s’entassaient jadis, pas naguère, les charriots « Tati », par dizaines, assaillis par une clientèle venue de toute la périphérie de Paris Est. Tati a fait faillite, entraînant dans sa chute des milliers d’employés. Toute une nostalgie qui me renvoie aux années diamantées de Giscard, aux années d’une certaine insouciance. Qui me renvoie aux vieux immigrés du Bled, (on ne disait pas « Blédards » mais les haineux fangeux, flics ou civils, criaient « crouilles », « ratons » matraques à la main ). Une pensée qui me renvoie à ces ouvriers, célibataires souvent, « zouffriya », qui « saturaient » l’espace du triangle « Château rouge – Barbès – La Chapelle » et ses rues sombres et qui souffraient en silence. Ils sont aujourd’hui peu nombreux et le quartier se transforme, lentement mais sûrement. Se gentrifie. Voilà les boulevards de Strasbourg et Sébastopol. « Wech, tu rêves wella… » me répète mon ami. Il va sans dire que des quantités d’infos, de blagues, de souvenirs échangés et de critiques, sarcastiques que nous nous envoyions nous apparentaient aux deux « schnocks » du balcon du Muppet-Show, Statler et Waldorf si vous connaissez. Nous les avons un temps imités. De mètre en mètre, de rues en boulevards, de places en carrefours, nous nous sommes retrouvés devant le jardin du Luxembourg, face au Panthéon. Nous avons fait une halte sous un abribus. Le temps de reprendre notre tempo habituel.

Nous avons ensuite pris la direction du nord, nord-ouest jusqu’à Brochant. C’est dans ce coin du quartier Guy Mocquet que nous nous sommes rencontrés, lui fraîchement arrivé du Bled (il n’a jamais plus quitté la nouvelle Lutetia plus d’un mois), moi traînant mes pantoufles entre le 17° et la folle fac de Vincennes… Ici, je n’ouvre pas de parenthèses, bien nécessaires pourtant pour mettre l’histoire au point, au risque qu’elles prennent l’allure de deux hippocampes raides comme des chiens de faïence. Nous sommes remontés par l’avenue de Clichy, le boulevard du même nom, et Rochechouart qui a retrouvé son prénom et rebaptisé donc à juste titre « Marguerite de Rochechouart », une mère supérieure. 730 mètres rien que pour elle (le « boulevard de Rochechouart » a vécu 159 ans sans prénom). Ce changement entre « dans le cadre de la mise en valeur des voies parisiennes portant un nom de femme. » Nous sommes remontés disais-je, la plante et les doigts de pieds en compote, jusqu’à hauteur de la gare de Nord. Nous nous sommes laissé tomber sur des sièges, en intérieur, de la brasserie « La Ville d’Aulnay »

 

 

Le 20 avril est une journée importante qui renvoie au printemps berbère du 20 04 1980 (Tafsut Imaziɣen) avec des manifestations monstrueuses suivies d’une grande répression à Alger et en Kabylie. 

À « l’usine » (c’est ainsi qu’on appelait le Centre Pompidou/Beaubourg les premières années de son inauguration, il était plutôt impopulaire alors) je me suis rendu à la BPI (la « bibliothèque ») je visionne quelques vidéos sur le mouvement du 20 avril 1980 en Algérie. Je capture quelques images (Mammeri, Aït-Ahmed…) À ce propos, il  est prévu aujourd’hui l’apposition d’une plaque au nom du chanteur « Idir » au niveau du square de la rue de Ménilmontant (entre le N° 69 et 71). Je m’y rendrai plus tard. 

Le Louvre est assailli de touristes. Personnellement je suis venu pour voir la statue des quatre captifs (dits aussi Les quatre Nations vaincues (c’est en lien avec mes écrits, mais je ne peux en parler aujourd’hui). La file des visiteurs est si longue que je rebrousse chemin. Il me reste en mémoire de beaux souvenirs d’une exposition (c’était il y a dix ans) sur « l’Art islamique », des armures du 18° siècle, un coran du 16° s, un panneau poétique du 17°… sur une dizaine de salles.

 

Un autre jour s’annonça, grisâtre comme les précédents. J’ai pris le métro dans le 18°. J’ai rendez-vous avec mon ami H à Gare de l’Est. D’autres amis sont occupés ou hors de la région ou définitivement partis, malgré eux. Ce jeu de roue qui nous impose. Tiens, justement, à hauteur du croisement Ornano-Simplon j’ai une pensée à l’endroit de notre ami commun défunt, Larry, tenancier jusqu’à la veille de l’entrée sur les planches du 3° millénaire, du Bar de la rue Joseph Dijon à deux pas. J’en ai une autre à Mahmoud et une troisième à « La Snouss ». Les années se bousculent et nous bousculent, nous pressent avec elles, droit devant, nous qui n’avons rien demandé de cela, mais nous y avançons cahin-caha. Cela n’est ni joyeux ni triste, mais dans l’ordre des choses. Bref.

 

Avec H. nous faisons un grand tour « à pied » depuis le terre-plein de la gare qui nous mène à Barbès. Je pense plus au café chic que nous regardons à partir du trottoir d’en face où s’entassaient jadis, pas naguère, les charriots « Tati », par dizaines, assaillis par une clientèle venue de toute la périphérie de Paris Est, « la zone ». Tati a fait faillite, entraînant dans sa chute des milliers d’employés. Toute une nostalgie qui me renvoie aux années diamantées de Giscard, aux années d’une certaine insouciance. 

Une pensée qui me renvoie à ces ouvriers, célibataires souvent, « zouffriya », qui « saturaient » l’espace du triangle « Château rouge – Barbès – La Chapelle » et ses rues sombres et qui souffraient en silence. Qui me renvoie à ces vieux immigrés du Bled, (on ne disait pas « Blédards » dédaigneusement, mais les haineux fangeux, flics ou civils qui avaient mal, très mal gobé 1962, criaient « crouilles », « ratons » matraques officielles ou non à la main ). Nous courrions comme des malades en criant « CRS, SS ! » avant de nous engouffrer dans le hall d’un immeuble de telle ou telle rue, ou dans une église, très charitable, St Bernard ou autre café populeux. Nous « les autonomes » ou proches. Ils sont aujourd’hui peu nombreux et le quartier se transforme, lentement mais sûrement. Se gentrifie. Voilà les boulevards de Strasbourg et Sébastopol. « Wech, tu rêves wella… » me répète mon ami. Il va sans dire que des quantités d’infos, de blagues, de souvenirs échangés et de critiques, sarcastiques que nous nous envoyions nous apparentaient aux deux « schnocks » du balcon du Muppet-Show, Statler et Waldorf si vous connaissez. Nous les avons un temps imités. De mètre en mètre, de rues en boulevards, de places en carrefours, nous nous sommes retrouvés devant le jardin du Luxembourg, face au Panthéon. Nous avons fait une halte sous un abribus. Le temps de reprendre notre tempo habituel.

Nous avons ensuite pris la direction du nord, nord-ouest jusqu’à Brochant. C’est dans ce coin du quartier Guy Mocquet que nous nous sommes rencontrés, lui fraîchement arrivé du Bled (il n’a jamais plus quitté la nouvelle Lutetia plus d’un mois), moi traînant mes pantoufles entre le 17° et la folle fac de Vincennes honnie par le gouvernement (et Alice S.S. !)… Ici, je n’ouvre pas de parenthèses, pas plus de crochets, bien nécessaires pourtant pour mettre l’histoire au point, au risque qu’elles ou qu’ils prennent l’allure de deux hippocampes raides comme des chiens de faïence. Nous sommes remontés par l’avenue de Clichy, le boulevard du même nom, et Rochechouart qui a retrouvé son prénom et rebaptisé donc à juste titre « Marguerite de Rochechouart », une mère supérieure. 730 mètres rien que pour elle (le « boulevard de Rochechouart » a vécu 159 ans sans prénom). Ce changement entre « dans le cadre de la mise en valeur des voies parisiennes portant un nom de femme. » Nous sommes remontés disais-je, la plante et les doigts de pieds en compote, jusqu’à hauteur de la gare de Nord. Nous nous sommes laissé tomber sur des sièges, à l’intérieur de la brasserie « La Ville d’Aulnay »

 

Le 20 avril – et nous sommes le 20 avril – est une journée importante qui renvoie les hommes de bonne volonté au printemps berbère du 20 04 1980 (Tafsut Imaziɣen) avec des manifestations monstrueuses suivies d’une grande répression à Alger et en Kabylie et les hommes au discours peu amène et malveillant, à toutes les impasses ou à toutes les compromissions. Tafsut imaziɣen donc.

Dans « l’usine » (c’est ainsi qu’on appelait le Centre Pompidou/Beaubourg les premières années de son inauguration, il était plutôt impopulaire alors) je me suis rendu à la BPI (la « bibliothèque »). Je visionne quelques vidéos sur le mouvement du 20 avril 1980 en Algérie. Je capture quelques images (Mammeri, Aït-Ahmed…) À ce propos, il est prévu aujourd’hui l’apposition d’une plaque au nom du chanteur « Idir » au niveau du square de la rue de Ménilmontant (entre le N° 69 et 71). Je m’y rendrai plus tard. 

 

Le musée du Louvre est assailli de touristes. Personnellement je suis venu pour voir la statue des quatre captifs (dits aussi Les quatre Nations vaincues (c’est en lien avec mes écrits, mais je ne peux en parler aujourd’hui). La file des visiteurs est si longue que je rebrousse chemin. Il me reste en mémoire de beaux souvenirs d’une vieille exposition sur « l’Art islamique » qui impressionnait les plus réticents des « brobros », des armures du 18° siècle, un coran du 16° s, un panneau poétique du 17°… sur une dizaine de salles.

 

Je suis arrivé assez en retard à Ménilmontant à cause d’un malentendu (j’ai mal entendu). À 16h, il n’y avait rien. Le vide. Une employée (kurde ?) du Bar restaurant kurde (certainement) Chez les Deux amis (en face du square) me dit que le maire a fait un discours vers midi, et la fille d’Idir (Tanina Cheriet), a chanté et une plaque en hommage à Idir a été apposée. Mais il n’y a rien, pas de plaque au nom du chanteur. C’est étrange me dira l’ami Youssef. Oui, étrange. Demain je reviendrai y tourner une vidéo. Une photo ne suffit pas pour expliquer mon étonnement. « Étrange ».



Je finis la journée avec mon cher professeur d’université A.K. à la brasserie La Vielleuse (place Belleville) autour d’un café et chocolat chauds (pour les premiers verres). On fait le tour de certaines questions qui nous tiennent à cœur, de Marseille, de Paris, d’Alger… de ses récents articles et ouvrages, de mon écriture… (plus tard, plus tard…)

 

 

Dimanche animé du côté de Barbès. La manifestation « pour la Palestine » mais aussi « contre le racisme, l’islamophobie et la protection de tous les enfants » qui a été d’abord interdite par le Préfet de Paris, a été autorisée par le Tribunal administratif car l’interdiction porte « une atteinte grave et manifestement illégale à la liberté de manifester » Comme la nation marche encore sur de solides jambes (et elle y tient !) chacun a joué son rôle vaille que vaille et le Tribunal le sien. Sans mélange des genres. Les tiraillements et tentatives de radicalisation politique et médiatique vers la droite, la droite extrême est réelle, il ne faut surtout pas sous-évaluer. Les enfants de Bolloré font des petits… À la manif nous étions 3000 environs de Barbès à Place de la République. (cf photos et vidéos).